DENION DE LYON
" La Molle
du lac " à l'ancienne.
Première mouture
de la chose, elle garde, malgré ses imperfections, une indicible fraîcheur
citronnée et toutes ses dents plombées.
Le trio d'acteurs principaux fût pour beaucoup pour la renommée de la
pièce.

- Fifi Jenny incarne
Miss Clitorini, femme-enfant névrosée et pathétique à souhait,
elle éclabousse de ses charmes tous ses partenaires et réduit
ses consoeurs au silence.
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- Bernard Pelligand
est Bernard, un personnage qui lui va comme un gland (pardon,
un gant).
Il déploie vite
dans ce rôle pas drôle toutes les facettes de son théâtral talent.
Il maîtrise à ce point la difficile " distantiation " qu'il finit
par ne plus savoir qui il est réellement.
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- Paul Lecabeau en
vieux beau-pére est égal à lui-même, c'est à dite pénible, envahissant
et nanarcissique.
Comme
d'habitude,
Lecabeau harcèle les critiques.
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Dans cette
scène du dernier acte Bernard donne la réplique (et une paire de claques
compassionnelles) à Miss clitorini qui approche lentement mais sûrement
de l'e-stérie ; comme c'est bien joué !
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Bernard
(faussement désinvolte) :
" Alors la miss,
t'es rieuse maintenant ! "
Miss
Clitorini (les yeux rouges) :
" Ouin, ouin, ouin ; oh cruel, pourquoi m'as tu quittée* ? "
Bernard
(courroucé pour de faux) :
" Ce n'était pas moi, je suis bien trop bien élevé !"
Miss
Clitorini (toutes griffes dehors) :
" Si ce n'est pas toi, c'est donc ton frère* ! "
Bernard
(ain-terloqué) :
" Mon frère, mon faux-frère voulais tu dire ? "
Miss
Clitorini (troublée) :
" Pfou, je m'agite, je cours, languissante, abattue.
La force m'abandonne et le repos me tue ! "
Bernard
(soudain sérieux) :
" Décidément, c'est l'année des compilations* !"
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* quittée
: L'auteur avait d'abord écrit : " Oh cruel, pourquoi m'as tu quitté
- ma culotte - ? " devant les continuelles protestations des loges féministes,
il modifia son texte ; un cas d'autocensure peu fréquent chez lui.
* frère :
Paul, frère jumeau de Bernard, voir plus haut, quelque part.
* Compilations
: Une réplique qui donna lieu à bien des interprétations mais quand
dit, candide, le créateur ?
" Souvent je ne sais même pas pourquoi j'écris des choses pareilles,
mais je ne peux pas m'en empêcher ... "
Nous voilà bien renseigné ; et si c'était l'année des complications
?
" La Molle
du lac " version musicalisée :
certains puristes
tournèrent impoliment le dos à cette étonnante opérette.
" Pas nous, pas nous ! " criaient les fans à l'entrée des artistes.
Mieux qu'une simple opérette, une superette !



Tac, tac,
tac, les trois coups fatidiques, alors approchons nous !
La Burna cantatrice
perruquée pendant son aria principal ; sur le médaillon de droite, elle
est normalement chauve ; à gauche,le fameux duo d'amour propre.
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Denion de Lyon est
à la braguette (pardon, la baguette) ; lacrymosa puis mimosa al
dente !

Le
ténor à grosse voix Alberto Ragnagna,
partons avant qu'il ne l'ouvre.
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Trop tard
!

La Burna
et Alberto à ses genoux, ça va guincher !

" La Molle
du lac " post-moderne.
Avant-gardiste
en diable, cette version carabinée et rallongée de trois heures fût
la plus contestée ;
en fait, de l'avis général, on s'emmerde un peu.

Les protagonistes
en pleine action ; la présence est évidente mais les silences lourds.
Demandons l'opinion des lyonnais :
" Politiquement
correct,
mais sans plus ! "
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"
Quelle salope
cette Miss Clitorini ! " |
" Bernard
est un personnage complexe, à la limite du compréhensible. "
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" Par moments
ça vole très haut,
mais pas longtemps ; dommage . " |