FONDATION GELLIPANE

PROGRAMMATION

 

 

 

" EMBALLE MOI ! "
ARTISTE :
MONSIEUR ET MADAME PELLICULA

GENRE : sous vide
EXPOSITION n° 42 - 2

.

 

 

 

" Emballe-moi Fondation Gellipane ! "

" C'est un bon titre, qui plaira aux jeunes !" pensa tout haut Mordicus le directeur quand lui fût proposé le projet de l'exposition
" Emballe-moi ! "
Nous étions beaucoup moins enthousiastes, pas à cause du sacro-saint " principe de précaution " dont nous ne nous soucions pas mais parce que monsieur et madame Pellicula sont de complets inconnus dans le monde de l'art abscontemporain.
C'est bien normal car ils sont industriels, spécialistes du film plastique qui a fait leur fortune et le bonheur des ménagéres du monde civilisé, c'est à dire le monde de ceux qui possèdent un réfrigirateur.
C'est une fort honnète et rentable activité ; mais que venaient-ils faire dans notre galère (pardon, notre espace culturel, sinon du profit, pardon, du mécénat.

" Mais ne sommes nous pas tous des artistes ? " dit en souriant bizarrement le directeur ; à ceux évoquant un confit d'intérêts croisés ou un fumeux problème d'éthique, il fût prestement répondu que les tiques, c'est bon pour les chiens et le conflit pour les oies.

Afin de prouver la résistance du film,
le couple de Pelicula s'emballe aussi.

 

L'affaire était déjà conclue, bien en aval.
Elle ne fût pas concluante pour autant si, dans un premier temps, tout le monde trouva rigolo d'être transformé en salade verte ou en bifteck à chier (pardon, haché), rapidement les premiers signes d'étouffement se manifestèrent.
Il fallut interrompre l'expérience pour éviter des problèmes aux asthmatiques et aux personnes zâgées.
N'importe, les époux Pellicula avait fait la preuve de la qualité de leur produit, c'était une très bonne publicité et un bon retour sur investissement minimum.
De plus l'art est bien mieux conservé dans le plastique.

C'est l'asphyxie générale,
le rouge apparaît au stade final.

Interviewer Monsieur ou Madame Pellicula n'est pas une mince affaire, isolés qu'ils sont dans leurs cocons synthétiques.
Il faut y percer quelques trous afin d'établir le contact et malgré ces perforations, on les entend à peine :
" Toc, toc, ohé les aristes, comment ça va ? "

Tels des insectes sociaux, on s'agite autour des cocons.

Quelques vagues gargouillis nous parviennent, inaudibles.
On doit encore faire des trous, des petits trous, toujours des petits trous, c'est fastidieux et Peldugland en profite pour palper la rondouillette emballée.

Dans l'enveloppe on s'agite, la prisonnière semble crier quelque chose, le plastichien se penche pour faire semblant d'écouter.
" Que dit-elle ? " demande le chef.
Le menteur :
" Elle dit qu'elle est super-contente d'exposer à la Fondation Gellipane. "

Quelques pincements supplémentaires, la forme se tord dans tous les sens, on perçoit des hurlements étouffés, enfin juste le haut des hurlements.
" Madame Pellicula espère revenir souvent ... Pardon ? "

L'apprenti tortionnaire recolle son oreille aux orifices :
" Quelle horreur, quelle horreur ... " répète une toute petite voix exaspérée.
" Elle dit que c'est un grand honneur ! "
Le directeur en fût flatté :
" Elle a raison, expliquez-lui que l'exposition est prolongée d'une quinzaine de jours, par faveur spéciale ! "
Dans le lointain, comme en sourdine, on perçoit vaguement :
" Bandes d'abrutis ! "
" Elle dit : Grand merci, à tous ... "

A leur sortie de l'emballage, les époux Pellicula sont complètement dans les vapes.
Et tout couverts de boutons, quelle infection !
Le directeur les raccompagne gentiment et avec déférence jusqu'à la grille, histoire qu'ils n'aillent pas se plaindre au syndicat des artistes dissociés.

 
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