FONDATION GELLIPANE

PROGRAMMATION

 

 

 

" CRIS ET HURLEMENTS "
ARTISTE: VIANDOXE
GENRE : insupportable
EXPOSITION numéro 64 - 3
.

 

 

 

Wellcome

En regardant le carton d'invitation le directeur était satisfait :
" - Cris et hurlements - C'est un très bon titre qui devrait nous valoir une forte affluence ! "
" Ou de gros ennuis. " prophétisa de malheur Guy Molet qui connaissait le sieur Viandoxe.

Ses expositions précédentes s'étaient toutes terminées, fâcheusement pour lui, à l'asile psychiatrique d'où l'ariste venait de ressortir, un peu abruti mais plein d'une sauvage énergie autodestructrice.
Il en ferait (comme d'habitude) les frais mais la Fondation Gellipane aussi.

  En l'attendant il nous fallait commander de la peinture rouge supplémentaire.

Viandoxe est un artiste du genre " écorché vif " sauf que, dans son cas douloureux, ce n'est pas juste une image.

C'est aussi une image juste, quand il y a du monde, il se cache.

Comme tous les écorchés vifs, cet artiste souffre tellement qu'il devient vite insupportable à son entourage quel qu'il soit.
Par ses cris et ses hurlements justement.

On imagina, sur une scénographie originale de Guy Molet,
une façon payante de tirer profit du phénomène.

A la manière de chez Barnum, avec la musique du groupe " Abats " en prime de risque.
Après un bref conciliabule, on décida (à une faible majorité) de mettre fin à ces inutiles*(?) souffrances.
" On achève bien les chevaux ... " précisa le directeur pour nous déculpabiliser.

* inutiles : C'est un vrai débat : il faut souffrir pour être beau, d'accord ; mais doit-on aussi souffrir pour faire le beau ?
Cela fait beaucoup de souffrances sur les pattes arrières et n'est pas masochiste qui veut.

Nous avions (et nous savions) la fin, restait à préciser les moyens.
N'étant pas des assassins professionnels, notre expérience était limitée, mais nous avions vu des fims, lu des livres ou des revues spécialisées genre " Le chasseur français ".

Couteau, pistolet, poison, voiture piégée ou coussin péteur, c'est bien joli tout ça, mais sans entraînement ni matériel, comment faire ?
" Et un bon coup d'éjaculateur Peldugland, ça ne le ferait pas ? "
" A pleine puissance peut-être ? " se demandait le plastichien en examinant son instrument.
Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas servi, serait-il toujours aussi efficace ?
Murmures dans l'auditoire.

 

Face à face avec ?

Finalement il accepta la mission contre la promesse d'une future exposition.
Le directeur le félicitait tout en le poussant doucement vers l'entrée :
" Vous êtes un brave (un brave quoi ?), un pneu des temps post-modernes Peldugland, et rappelez-vous, ce n'est pas un meurtre, c'est une euthanasie, un acte charitable, une bonne action ...
Si vous étiez à sa place vous nous remercieriez.
"
Les cris incessants semblaient lui donner raison.

Une petite danse rituel et propitiatoire s'impose : balancement à droite puis balancement à gauche.

Peldugland entra dans la salle d'exposition vermillon prudemment, comme dans la fosse aux lions, de Lyon.
On referma vite la porte derrière lui.
Dans un premier temps les hurlements redoublèrent d'intensité ; soit la vue du plastichien avait terrorise le souffrant (il n'y a pourtant pas de quoi avoir peur), soit le fait d'avoir un poblic stimulait cet artiste.
On entendit un sifflement strident suive d'un long - Pccchiiitttt - puis plus rien.
Sinon quelques sporadiques gémissements.
" Ils baisent dirait-on ? "
" Non, ce n'est pas possible, pas Viandoxe, il n'a même plus de peau sur les os ! "
Un courant d'air glacé nous transperça quand Peldugland rouvrit la porte.
Il sortit tranquillement tout en suçant son pouce : " Je me suis écorché, juste un peu ... "
Au milieu de la salle d'exposition emplie d'une buée blanche et sucrée, Viandoxe restait figé dans son carcan de mousse sèchée.

" Brisons les chaînes du froid ! "

Une moue indéfinissable illumine son visage décharné : joie ou douleur ?
Dans l'immédiat ses peintures nous posent de réels problèmes de conservation.
" Qu'est-ce qu'on fait des asticots ? " demandait tous les matins le gardien, sa pelletée grouillante à la main.
L'avenir leur appartient.

 
Pour revenir à la page d'accueil
...Exposition
précédente
Exposition
suivante...