JOURNAL D'UN PLASTICHIEN

Mardi 25 novembre :

Histoire du pied.

Beaucoup ont la grosse tête ou les chevilles qui enflent démesurément, nos symptômes furent moins courants mais plus étranges.

Comme tout le monde ici bas, le plastichien doit gagner un peu d'argent pour payer ses factures ; il doit donc échanger une partie de son temps précieux contre une somme à peu près correspondante.
c'est bien dommage mais c'est comme ça.
Il travaillait (c'est le mot convenu) comme gardien, alias " agent* du patrimoine " dans un musée.

* agent : L'agent dit " du patrimoine " n'est pas un agent secret même s'il a aussi un matricule et ses aventures sont plutôt rares ; son seul vrai risque et de mourrir d'ennui.

Certains jours les visiteurs sont rares alors il tourne en rond, s'il a la chance de pouvoir faire un circuit ou, s'il est dans une salle carrée, il fait les quatre coins ; bref, il s'emmerde.

Cet après-midi là il tournait déjà depuis quelques heures quand son pied droit se mit à chauffer anormalement.
Au début il ne prêta guère attention à la chose mais le phénomène s'accentuant, il décida de rentrer au vestiaire bien avant la mi-temps (autrement dit, la pause) afin d'examiner son dextre panard.

Il eût d'abord bien du mal à enlever sa chaussure d'habitude confortable mais il comprit mieux pourquoi quand il pût enfin voir son délicat peton devenu tout rouge, bouillant et incroyablement enflé.
Inquiet, il alla voir l'administration qui, bonne fille, lui accorda un congé exeptionnel dans un fou rire général.

 

Comme nous n'avons pas
de documents sur la chose
(tant mieux nous dirait la belle fée Gore)),
nous vous présentons un ensemble
trois pièces de paveintavures serrées
qui ne sont sans doute pas sans rapports.

 

L'anomalie P s'interroge.

 

 

 

Le pied droit dans son état normal.

 

Le pied gauche pour l'équilibre.

 

 

Rentré chez lui tant bien que mal, l'histoire aurait pu s'arrêter là mais l'enflure persistait, la chaleur aussi et bientôt, attention, âmes sensibles, s'ouvrit entre son gros orteil et l'index une fissure d'où se mit à couler un curieux liquide fort gluant, inodore et jaunâtre.

Le plus curieux était que " l'opération " n'était pas douloureuse ni sanguinolante ; mieux (ou pire), quand il approchait son pied du poèle un intense sentiment de bien-être l'envahissait.
C'était à défaillir de plaisir et sans les curieux effets primaires, il aurait bien voulu que ça ne s'arrête jamais.
Il veilla tard, le pied au coin du feu, il approchait du nirvana.

Le lendemain matin son pied avait dégonflé et la " plaie " s'était refermée ; seule trace visible de ce qui s'était passé, le semi-liquide s'était solidifié et transformé en une étrange matière, une sorte de résine dorée couleur d'ambre.
Il ne lui restait que sa perplexité à découper en tranches fines.


D'habitude on s'intéresse à la main de l'artiste, sa patte, voir même sa griffe.
Pour bien montrer que les artistes sont faits comme tout le monde, il a dessiné sa main gauche.
Les doigts ne sont même pas palmés.

Il a aussi dessiné sa main droite mais c'est bien plus compliqué car de la main gauche,
il dessine comme un pied, justement.
" Il est gonflé ! " penserez-vous et ça continue...

 
Pour revenir à la page d'accueil
Le jour d'avant
Le jour d'après