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LISE
Le 15 mai à Labielle

Bertrand
et Lise,
surtout leurs épidermes) ont ce qu'on appelle :
des atomes crochus.
Malheureusement
Iris s'était rapidement fanée et Bertrand reprit sa quète désespérée d'amour.
Mais il lui fallait aussi manger de temps en temps, pour ne pas mourir
d'épuisement.
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Dans un restaurant routier
où les représentants avaient leurs habitudes, il se retrouva à la
même table qu'une jeune femme, Lise, avec qui il se dépécha de faire
plus ample connaissance.
" Vous êtes le monsieur qui quète tout le temps ? demanda Lise avec
un petit sourire en coin, j'ai beaucoup entendu parler de vous ...
"
Elle exercait la même profession que Bertrand, était donc aussi
représentante et travaillait au C.L.I.T.E, une société concurrente.
Sauf qu'au lieu de vendre
des extincteurs, elle proposait des allumeurs ; ce qui ne faisait
pas obligatoirement d'elle une allumeuse même si, de l'avis général,
elle en avait largement les moyens.
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Bertrand posa de nombreuses questions concernant le C.L.I.T,E son histoire,
son mode de fonctionnement, ses horaires, ses projets etc ...
Il voulait tout savoir.
Et surtout comprendre comment cette petite entreprise ultra-localisée
pouvait si bien s'adapter aux demandes de ses clients en changeant rapidement
de volume et de con-figuration.
Lise ne lui dit pas tout, à chacun ses petits secrets.
Après tout, ils étaient aussi concurrents.
De son côté
la jeune femme était aussi très curieuse et prenait même quelques
notes, ce qui intrigua Bertrand.
A cet instant tout laisserait à penser que Lapin Blanc.Rapide allait
envisager et entreprendre aussitôt sa conquète, eh bien non, car
Lise était une collègue et entre collègues " ça " ne se fait pas.
Morale, éthique, déontologie ?
Non, simple idée reçue d'on ne sait où.
Lise pensait un peu la même chose :
" Quand même, entre collègues ... "
Ils avaient tout les deux tort car entre collègues, " ça " se pratique
couramment, le monde du travail (spécialement celui confiné des
bureaux) étant un des hauts lieux de la consommation sexuelle comme
tout le monde feint de ne pas le savoir.
C'est aussi une (agréable ?) façon de faire carrière.
D'ailleurs sans ces petites histoires, ce serait vraiment d'un ennui
pas possible.
Bref ils en étaient là de leurs scrupules respectifs et ils commençaient
à en être vraiment las.
Ils finirent par se donner rendez-vous " d'affaires " à Labielle
où ils prirent une petite chambre d'hôtel avec vues imprenables
sur eux-mêmes.
A leur sortie, 24 heures plus tard, ils avaient complètement changé
d'avis*, " ça " se faisait très bien entre collègues.
* d'avis
: Et de positions, un certain nombre de fois.
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Ils erraient hagards
et détendus dans les charmantes ruelle aux toits pointus, surmontés parfois
d'une tourelle, à l'ombre des piliers de bois et des jeunes magnolias
en boutons.
"On dirait le sud ... c'est vraiment cool Labielle ! " sussurra Bertrand.
" Tu l'as dit chéri !
" lui répondit Lise appuyée contre un vieux charme aux fruits trilobés.

* suite : La
suite coïtale précède la suite parentale qui précède (souvent)
la suite monoparentale, et ainsi de suite.
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Au début le garçon était
flatté de cet intérêt pour sa personne mais il finit par trouver
la jeune femme trop curieuse, trop intrusive, trop ... trop, sans
qu'il sache bien dire pourquoi.
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Elle bailla en
s'étirant, une petite sieste leur ferait du bien, entre
collègues.
" On y va Lise ? " demanda le garçon avec un clin d'oeil
; il faisait rarement de l'humour et on comprend mieux maintenant
pourquoi.
Accrochés l'un à l'autre, ils remontèrent comme deux somnambules,
la minuscule grande rue qui menait à son extrémité.
Parvenu à leur
suite* coïtale ils se mirent à l'aise, mais pas complètement
à l'aise pour Bertrand.
Par instants le comportement de Lise était bizarre, elle
semblait le guetter, le surveiller, scruter ses moindres
faits et gestes, parfois même elle prenait des notes en
illisible sténo sur un petit carnet.
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Il n'était à
son avantage que sous certains angles et certains éclairages, il essayait
de s'y tenir mais Lise ne le quittait pas d'un cil, même aux moments où
il aurait eu besoin d'un peu d'intimité (pour essuyer ses lunettes par
exemple).
Bien sûr Bertrand la
surveille aussi, du coin de l'oeil.

Il ne perçoit avec précision
que sa silhouette*, le fameux con-tour.
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Avec
seulement 15%* de matière grasse en plus !
* 15 % : On dit aussi 13 %, en moyenne.
" C''est toujours bien d'être un peu au dessus (de la moyenne).
" songeait l'élitiste lapin.
Oui mais il y avait les glandes...
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* silhouette
: C'est important pour une femme, il l'a lu dans Lui.
Car dans Elle,
il ne lit pas grand chose.
Cela reste un mystère de la tête aux pieds.
Le portable de
Lise sonna, c'était son fameux C.L.I.T.E qui s'inquiétait de n'avoir plus
de nouvelles.
Tout en rappelant qu'il serait temps de s'occuper un peu de lui.
" Je suis à vous tout de suite ! " précisait Lise à son correspondant.
Cette phrase fit frémir Bertrand, et ce d'autant plus qu'elle ne s'adressait
pas à lui, il reconnut les aphtes de la jalousie dans sa gorge nouée.
" Ah, ah, les affaires reprennent ... " dit Bertrand d'une voix blanche.
Le dessus, ou le dessous, il ne savait plus.
Mais il ne voulait surtout pas être jaloux, ça il le savait car il savait
(il en sait des choses) que ce sentiment le rendait fou rapidement.
Pourtant il aimerait bien quand même savoir qui se cache derrière ce mystérieux
C.L.I.T.E ?
A ce moment Lise
s'approcha pour lui annoncer qu'elle devait partir, tout de suite.
Elle était manifestement troublée et le quitta précipitamment, oubliant
son sac.
Bertrand était de plus en plus perplexe, et curieux, il prit le sac et
le secoua tachant d'y trouver quelques indices, une petite carte plastifiée
tricolore en tomba :
elle était à l'effigie de la belle reprèsentante et était barrée de cette
terrible mention : S.A.N.D.E.Q.U.E.
Les
" cerveaux " de l'officine élaborent
de nouveaux plans foireux dans un endroit secret.
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Les bras
du garçon lui en tombèrent par terre :
" C'est encore le S.A.N.D.E.Q.U.E* qui est derrière tout ça, il
est derrière Lise aussi, pour quoi faire et dans quel but foireux
? "
* S.A.N.D.E.Q.U.E
: Organisation secrète difficile à cerner car son centre est partout
et sa circonférence nulle part.
Sa principale activité ?
Brouiller les pistes.
Les sandèqueux
les brouillent tellement bien qu'ils ne les retrouvent jamais ;
c'est ce qu'on appelle l'intox*.
* intox
: Un bureau spécial, le flitox s'occupe des moustiques, comme Bertrand
...
A ne
pas confondre avec la flamboyante culture
méso-américaine.
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Lise revint quelques
minutes plus tard, toujours aussi troublée.
Bertrand jugea le moment venu d'une petite explication :
" Ma chère Lise, il faut que nous parlions ! "
" Mais de quoi mon beau lapin, roi des forêts ? "
" Du S.A.N.D.E.Q.U.E par exemple ! " et il lui montra la carte incriminée.
A sa vue
Lise s'évanouit et la colère de Bertrand aussi :
" Allez ce n'est pas une cata Lise ! " plaisantait-il en tapotant
ses joues fraîches.
Lise revient à elle :
" Je reviens à moi ! " dit-elle.
Elle fit
signe au garçon de se taire avant de passer prestement une main
sous sa jupe, on entendit un imperceptible clic.
" Leurs ingénieurs avaient dissimulé un micro dans ma culotte, ainsi
qu'un G.P.S et un détecteurs d'infra-rouge ... " expliqua Lise.
" Et ça ne vous gênait pas un peu ? "
" Surtout quand il y avait du larsen, à ces moments je chantais
pour le couvrir. "
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Réflexions
croisées :
W.S.R :
" Tu n'as pas soif ? "
Lise :
"Deux apéritifs à jeun ... ce n'est pas raisonnable ... "
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Lapin.Blanc;Rapide
était vert, les sbires du S.A.N.D.E.Q.U.E avaient donc suivi en direct
tout leurs ébats !
Il enleva le
traître sous-vêtement, qu'il froissa bien avant de le mettre rageusement
dans la poubelle.
A l'autre bout, on apprécia pas le cataclysme auditif.
" Alors ma voiture explosée à Chabosse, c'était vous ? "
" Oui, avoua la barbouze en jupons, mais pourquoi vous être déguisé en
cosmonaute ?
A l'agence on s'est affolé, on m'a demandé de vous calmer un peu ! "
" Vous avez bien réussi ! " dit Bertrand en lui prenant la main.
" Et la mystérieuse voiture rose à Pont-de-Narsan ? " continua l'inquisiteur
de service.
" Vous me gênez ... minauda la jeune femme, Secret-Défense* ! "
Tout s'éclairait
mais pour s'éteindre à nouveau.
* Secret-Défense
: Mon oeil !
En fait Lise était jalouse, et trop curieuse de savoir ce que Bertrand
pouvait fabriquer avec la jeune pontoise.
Ce garçon est trop fort en psychologie féminine.

Lise fait
gracieusement une démontration de son petit matériel.
Dans son phare,
Bertrand la reçoit volontiers, 5 sur 5 ou même 7 sur 7, il contate :
" Elle émet bien c'est sûr, mais est-elle aussi bonne réceptrice ? "
Lise se pose la même question, inversée. Lapin.Blanc.Rapide la rassure
:
" C'est ce à quoi j'aspire, ô Lise ! "
Bien, nous voila rassuré.
" Mais je préfère le secret des fentes au secret-défense, affirma t'il
solennellement. "
"Une question cependant
me turlupine de cheval encore, pourquoi le S.A.N.D.E.Q.E s'intéresse t'il
à moi, au point de m'envoyer un de ses meilleurs (et de ses plus jolis)
agents ? "
Le compliment
fit rougir l'espionne qui s'évanouit de nouveau.
Bertrand fut pris d'un affreux soupçon : et si l'organisation avait installé
d'autres micros sur cette ravissante personne ?
Il voulait en avoir le coeur net, et son corps net.
Il se livra donc à une patiente et minutieuse recherche :
" Rien dans les chaussures, rien dans l'ourlet de la jupe (sous la
jupe c'était déjà fait), le fin corsage de soie ne pouvait être soupçonné,
ni accusé, de rien.
Restait le soutien-gorge, cette fragile et complexe architecture pouvait
cacher de redoutables dispositifs.
Par acquit de conscience, il pressa (un peu) les tétons.
Il ne chercha pas partout, partout, partout car c'était un gentleman.
Pendant toute l'inspection Lise poussa de longs et profonds soupirs,
elle revint une nouvelle fois à lui avant d'expliqua tout : |

L'interrogatoire
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"
Depuis votre brusque pyromanie montdardienne, les barrages successifs
de Fouillac, vos activités cagoulées à Bassoues et surtout le discours
d'Apaux, vous êtes dans le collimateur des Renseignements Généreux
(et donc du S.A.N.D.E.Q.U.E qui les supervise de haut) ; on vous surveille
(surtout moi) Hubert Connaisseur de la Chatte, alias Bertrand Biquet
! " avoua d'un trait Lise, en tirant pudiquement la couverture à elle.
" Bonnisseur, pas Connaisseur mais appelez moi donc Hubertrand, ça
me changera ... et vous, comment doit-on vous appeler maintenant ?
"
Elle salua, l'autre main sur la poitrine :
" Lieutenant Psique Anna-Lise, deuxième bureau du S.A.N.D.E.Q.U.E
... et veuillez excusez ma tenue si peu réglementaire ! "
Il excusa.
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" Et pourquoi
avoir caché les micros ... ici ? " désignant le seul point que je ne peux
pas vous préciser.
" Pfff Hubertrand !
Ils ont pensé que vous auriez fatalement envie de vous y intéresser, et
de vous en approcher, ils n'avaient pas tort ... "
" Ils sont trop forts, il vous faudrait un bon avocat Lise ... mais quel
est le rôle du C.L.I T.E dans tout ça ?
Continuait de questionner la victime de sa vie privée.
" Simple couverture, le C.L.I.T.E n'existe pas, c'était pour mieux vous
séduire mon enfant ! "
" Vous êtes un femme donneur lieutenant Psique ! " répliqua le garçon
trahi.
La fin du
monde...

Lise a très
honte de sa trahison et de sa duplicité :
" Ce n'est pas de vous cacher sous le lit qui y changera quelque chose
! " lui dit sévèrement le garçon.
" Mais je reconnais que votre position est délicate ... " ajouta t'il
soudain plus conciliant.
Le jeu de mot
était cruel, il s'en fit la remarque.
Lapin.Blanc.Rapide avait tellement de questions à poser qu'il ne dit plus
rien.
Il regardait la traîtresse démasquée, et dénudée.
" J'en suis encore baba Lise, je ne suis pas un espion et y m'arrive des
trucs d'espion ! "
Finalement, ils n'étaient pas collègues, tant mieux.
Il jugea qu'il avait besoin lui aussi d'une bonne couverture chauffante,
si possible, et il s'y glissa :
" Bonne Anna-Lise ! " soupira Bertrand en caressant les blonds cheveux.

La réconciliation
Il n'était plus
jaloux.
Sans déc !
" Au fait, vous n'étiez pas dans les paras Lise ?
Parce que j'aime beaucoup votre tenue léopard ... "
La jeune femme se retourna
vers lui en soupirant :
" Parfois vous me fatiguez Hubertrand ... "
Il n'y avait plus qu'une façon de le faire taire, et elle la connaissait.
Affirmatif.
SUITE
La suite
des démélés d'Hubertrand avec l'incompréhensible S.A.N.D.E.Q.U.E
se dérouleront ailleurs, plus tard, autrement.
Dans le futur numéro 3 de Ta Mouille, la revue des espions.
En même temps le garçon poursuivra toujours son Anna-Lise, avec
l'intéressée.
L'organisation
mobilisera d'importants moyens pour localiser " La Chatte " (c'est
son nom d'espion maintenant, c'est malin !)
A sa poursuite,
les sandèqueux battent les plus petits buissons, alors qu'ils n'y
sont pour rien.
Ils rêvent tous dans leur sommeil paradoxal de lui courir sus, voire
de l'attraper à deux mains.
Même si elle est noire ?
Mais grâce à la gente Lise dûment retournée et appareillée, Hubertrand
a toujours une longueur d'onde d'avance.
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ANNEXE
Rapport con-fidentiel
SAND 666 XXL
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16 H 27
La Chatte
: " Je plaisante pour ne pas pleurer. Maintenant je ne pourrais
plus te faire confiance. Je ne sais si tu te rends bien compte de
ce que tu as manigancé. "
Agente XXL
: " Oui, oui ... "
" L'agente XXL met décidemment tout son corps à l'ouvrage mais a
t'elle encore toute sa tête, sa fameuse lucidité ? " questionna
la haute autorité.
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17 H 13
Agente XXL
: " D'accord, je retournerai avec mon mari. "
La Chatte
: " C'est bon, c'est bon ... "
Haute autorité
: " Ils ont un code, c'est sûr ... il dit trop souvent " C'est bon
! " et elle répond toujours " Oui, oui ! " ... c'est louche. "
" Des fois, c'est l'inverse ! " remarque finement un subordonné,
immédiatement fusillé du regard.
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17 H 41
La Chatte
: " Tu y vas vraiment ou bien c'est juste des mots ? "
Agente XXL
: " Oui, oui ... "
Haute autorité
: " O.K, on a compris, vous pouvez passer le film en accéléré, on
n'est pas là pour regarder La Chatte prendre du bon temps ! "
On accélère donc, la bête à deux dos s'active passionnément.
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18 H 02
Agente XXL
: " C'est quelqu'un d'autre qui t'a tout dit ... pourquoi et qui
c'est ? "
La Chatte
: " Oui, oui, c'est bon ... bon ! "
Haute autorité
: " Vous êtes certains que le matériel fonctionne correctement ?
"
Pendant les deux heures qui suivirent, plus aucune parole ne fût
échangée (ni reprise), juste des cris inarticulés et des petits
rires étouffés par la couette... Inutilisables.
" Nous gaspillons l'argent du con-tribuable ... " commenta la haute
autorité, accablée.
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Plus rien
à signaler sinon qu'à 18 H 13
La Chatte
s'est relevé pour prendre une bière tiède et l'agente XXL pour prendre
une douche ... froide.
" Je n'avais
jamais lu un rapport aussi con ! " finit par dire le chef en jetant
le dossier sur sa table déjà surencombrée.
" je suppose que vous êtes content de vous ? "
No comment.
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" La Chatte
nous mène par le bout du nez, et ça fait trop longtemps que ça dure
... il faut que ça fesse, pardon, que ça cesse ! "
Bien chef !
Ce soir
ça barde au Q.G* du S.A.N.D.E.Q.U.E !
* Q.G
: Quartiers.Généreux, le fameux cul G.
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Aperçus
A Labielle
coule la Bielle
Avec un nuage de lait
Sur mes dounotes*
* dounotes
: Incraduisible*, j'ai tout essayé !
* incraduisible
: Traduction sale.
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