Les années trépassent et voilà
Bernard au seuil de l’adolescence, il ne le franchit jamais.
Et pourtant il fit des efforts, le plus méritoire (car le plus douloureux)
fût le jour où il décida d’arrêter de jouer.
Il sait (et il en a conscience) qu’il est trop âgé pour continuer sans
ridicules, alors il se cache pour le faire dans une clandestinité honteuse.

Il se tourne
alors vers la gauche, mais il est déçu.
Une après-midi de fin du monde, il rassembla une dernière fois son invincible
armée, ses chevaux fougueux, ses canons de bois, ses terribles bombardiers
et ses automitrailleuses bricolées et il enferma le tout dans un placard
dont il jeta la clef.
Ce fût un moment d’une affreuse tristesse car c’était sur lui (et son
moi le plus joyeux) qu’il refermait la porte.
C’est donc totalement découragé et à reculons qu’il fit son entrée dans
le monde des adultes responsables.
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