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Notre article de fond
prendra la forme d'une chronique judiciaire car c'est aujourd'hui
que Peldugland doit comparaître devant la soixante-neuvième chambre
connectionnelle.
Il est une nouvelle fois accusé de réception.
Tout en suivant les interminables couloirs, je médite la parole
de l'accusé :
" Il y a trop de bureaux ! "
Voilà qui pourrait
vraiment lui attirer des ennuis, mais aussi quelques sympathies
(dont la mienne) et peut-être un bon défenseur.
En l'occurence il s'agit de maître Corbau qui aime à plaider pour
un fromage.
" Soixante-neuvième chambre, nous-y sommes ... "
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Le parquet grince désagréablement,
le tribunal est déjà en place : un juge à perruque poudrée au
milieu, à droite, l'accusateur public et à gauche le garde des
seaux*.
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seaux : Pour ceux qui se sentiraient mal.
Face à
eux, le plastichien
fait montre d'un beau sang-froid, il s'accroche à la barre.
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" Enlevez votre chapeau,
s'il vous plait ! "
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" Peldugland vous êtes
encore accusé de réception et ça commence à bien faire, ne trouvez-vous
pas ? "
Le procureur se déchaîne
et pointe un doigt accusateur vers le supposé réceptionniste :
" Honte à vous qui passez le plus sombre de votre temps terrestre
à attendre, guetter, provoquer parfois ces étranges et invisibles
signes qui vous ravissent, vos fameuses intuitions de Lyon.
Vous êtes d'ailleurs le seul à les percevoir ; et ça c'est vraiment
grave.
Je demande donc la peine capitale, plus les charges ! "
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"
Voilà ! "
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Le plastichien est
sur le grill, ça chauffe pour son pauvre ventricule.
C'est le tour de maître Corbau, il ouvre un large bec et laisse
tomber :
" Moaaa, je croaaa que pour cette foaaa ... "
Vite, où sont les témoins ?
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Seul Jean Culle (le
grand philosophe) se présente, la main droite dans sa braguette
il contre-attaque avec fougue :
" Votre Horreur, ce pauvre plastichien n'a pas grand chose sur
la conscience ; socialement parlant, il ne commet pas d'autres
crimes que de vouloir faire ce qui lui plait, quand ça lui plait.
C'est déja beaucoup, penseront les hautes autorités, pour lui
c'est juste le minimum vital.
Il ne recherche pas la gloire, ni l'argent, ni les honneurs, seulement
un petit espace de liberté sans vidéosurveillance.
Mais les braves gens n'aiment pas que l'on suive une autre route
qu'eux alors on essaie de le priver de son chapeau-mental (Lien
panoplie) où sont concentrés ses pouvoirs.
J'en appelle du gland à votre indulgence, pour nous, une seule
solution : la relaxation, de Lyon ! "
Un vrai témoin à décharges
fréquentes.
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"
Coupable mais pas responsable ! " finit par dire le juge en ôtant son
postiche pour s'éponger le front ; la justice est rendue, la séance
levée et la relaxe immédiate.
Bien joué Peldugland, on ne le privera pas de ses antennes.
Pour cette fois.
Sur les grandes marches du palais, le libéré sous potion* témoigne :
" Je reste innocent ... "

* potion
: Sorte de camisole chimique chaude à base de poireaux, elle est sensée
empêcher toute récidive.
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