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Au retour de son reportage
en Corée du Nord Hurine, envoyé spécial de Ta mouille, était plein d'enthousiasme,
un enthousiasme qu'il voulait à tout prix nous faire partager.
Mais à l'ancienne, collectivement, durant une projections de diapositives
dont il allait assurer le commentaire sur fond d'hymnes aigrelets, guerriers
et patriotiques.
Pour l'instant, tout le monde était normalement dans le flou car il
fallait trouver le bon réglage, après moult coups de zoom, l'image devint
enfin claire.
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" Au pays du matin
calme, pas un oiseau ne bouge sans déclencher les alarmes et l'immédiate
riposte nucléaire.
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Pour
résoudre les problèmes du logement, on fait des trous dans la
montagne, il ne manque que les échelles en bambou.
L'eau, le gaz et l'électricité sont des corruptions petites-bourgeoises.
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La maison de campagne
du secrétaire local du parti Kim-Pouce, rien que de la récupération.
Il faut savoir se sacrifier pour le bien du peuple
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Kim-Pouce
a bien mérité une petite statue avec quelques prolétaires admirateurs
pour tourner autour, toujours dans le sens du poil hérissé.
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Les distractions
ne manquent pas, ici démonstration de lutte traditionnelle, la
fameuse " prise de couilles ".
Malheur au vaincu.
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Le
capitalisme ne passera pas, d'accord, cependant par précautions,
il n'y a jamais de portes dans les murailles.
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Pour traquer les
grenouilles contre-révolutionnaires dans les rizières, il faut
être discret, couleur paille.
Et patient, comme une bonne couleuvre socialiste.
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On
construit partout de faux bateaux sur l'argile pour dérouter
les satellites-espions selon la stratégie du génial leader actuel,
fils du précédent dont la génialité vient d'être scientifiquement
prouvée.
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Les vrais bateaux
font des ronds dans l'eau trouble simulant une frénétique activité
commerciale.
Ces jonques ne transportent que du sable qu'ils s'échangent sans
fin, et sans aucun profit bien sûr.
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Ici
aussi tout finit par des chansons, mais il est préférable de
ne pas chanter seul, on se demandera quelle mouche impérialiste
vous pique.
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Mort à l'individualisme petit-bourgeois ! " s'écria Hurine en guise
de conclusion.
Les spectateurs avaient tous les yeux rouges (c'est bon signe) ; Hurine
apportait encore quelques précisions supplémentaires, un petit papier
plié glissa de la poche de notre analyste militant :
" Bon pour un lavage de cerveau, programme rapide (sans mousse),
avec essorage. "
Tout s'expliquait, enfin presque.
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