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Pas de Toto
sans Réro, sinon rien.
Toto et Réro sont jumeaux donc
théoriquement frères mais ils ne s'entendent pas du tout.
Pire, ils se détestent comme Romus et Rémulus.
Ils ne s'assemblent et se rassemblent que pour former un être hybride
cornu, tout plein de contradictions dissimulées sous son cuir épais :
el Toro.
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Avant l'arrivée de ce
cirque ibérique, il nous fallait exécuter (qui ?) ... quelques travaux.
Transformer ce carré parfait qu'est la Fondation Gellipane en un
cercle tout aussi parfait, c'était résoudre la quadrature du cercle,
nous l'avons fait rapidement.
Nous voilà maintenant dans une arène, l'illusion est totale.
La transformation
est réussie.
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Rentre un taureau d'un pas maladroit et hésitant, c'est el Toro.
On voit tout de suite que ce n'est pas un taureau normal à part
les couilles qui traînent littéralement par terre en soulevant
des nuages de poussière ; c'est beau et terrible à la fois.
Le public retient son souffle, il a raison car il va se passer
quelque chose : une ombre se dessine sur le sable chaud, c'est
Peldugland dans son habit de lumière, il n'a pas froid aux yeux
aujourd'hui car il a mis ses
peldunettes.
Il s'approche timidement du monstre qui trépigne et lui fait un
gros mimi baveux que le faux ruminant reçoit avec méfiance, on
le comprend.
Le public
est très mécontent car il voudrait voir du sang.
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Pour le calmer (et exciter
la bête) on fait entrer quelques artistes clowns prêts à tout pour être
cornu (pardon, connu).

De
l'autre coté du miroir...
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Où
est le quart de rouge ?
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Une
sainte terreur le distrait.
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Oh
Génisse, comment ça va ?
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El Toro ne leur accorde qu'un
distrait coup de queue, manifestement il s'ennuie, attendant un adversaire
à sa démesure.
Il y a même une fanfare, Guy Molet profite de l'intermède pour demander
son avis à Miss Clitorini :
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" J'ai chaud ...
" lui confie cette dernière en s'éventant nerveusement.
Sa voisine, la senorita
Castagnetta lui montre aimablement comment se rafraîchir en
glissant discrètement un coussin humide sous son derrière.
Les officionados trépignent et crient :
" Picado, Picado ! "
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Les trompettes sonnent et Picado*
le picassor fait son entrée, lui ne s'embarrasse pas de fioritures ni
de passes complexes et gracieuses, il contourne el Toro et essaye immédiatement
de le sodomiser.
A l'intérieur du faux bovidé on proteste hispaniquement :
" Vamos, carambar ! "

" No pasaran !
"
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" Hou les cornes
! " hurlent les abonnés.
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L'animal n'a plus d'autre solution
que de s'asseoir pour éviter une humiliation publique et douloureuse ;
il est vaincu.
En fait, il en a surtout
marre d'être sollicité en permanence alors il boude et rumine son impossible
vengeance.
* Picado : Comme son nom
l'indique assez, Picado pique tout ce qui passe dans son champ visuel
et pas grand chose ne lui échappe de l'oeil.
Picado le picassor fait un
tour de piste, histoire de récolter un peu de gloire supplémentaire, et
puis disparaît dans l'ombre (très provisoirement).
" C'est un peu olé-olé
comme spectacle ! " s'inquiète Miss Clitorini qui avait justement
emmené sa petite nièce pour la cultiver un peu.
Heureusement
un ange passe et vient se poser juste en face d'el Toro toujours assis,
fumant et désolé. |

Une
passe angélique.
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Il lui fait une petite
" anonsaçion " à l'oreille (avant qu'on ne les coupe) et lui palpe
ses énormes roubignolles (avant qu'on ne les coupe aussi).
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Sous la caresse el Toro met
les quatre pattes en l'air et gigote avant de brusquement sauter (presque
sans élan) par dessus les tribunes pour rejoindre ses verts pâturages.
" La vache ! " murmure Peldugland impressionné par le bovin bond.
Nous avons tous le sentiment d'avoir assisté à quelque chose de très vieux
et qui restera un vrai mystère pour la plupart des spectateurs.
* " anonsaçion " : Annonciation
espagnole, plus légère, rapide et fulgurante que la nonciation de Lyon,
elle laisse moins de traces au sol et dans l'éther.
Juste quelques
trous dans les murs.
" Quelle corrida !
" se réjouit le directeur en comptant les entrées.
Peldugland dort déja, il a deux banderilles au coté droit.
A la sortie
Paul dialogue avec l'ange, encore déçu de sa prestation :
" J'aurais du (et pu) battre plus des ailes ... pour sa crédibilité
"
Sacrée débilité car qui veut faire l'ange fait la bête, et que fait
la bête ?
" Meuh, meuh ! " .
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