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" Tiens voilà Duboudin !
" dit en se retournant le directeur.
Octave des Obres sursauta : " C'est vrai qu'il moche, surtout sous
certains éclairages. "
Cependant être laid n'empêche pas d'adorer la beauté ; c'est juste un
peu plus compliqué.
Mais Duboudin fait partie de ceux dont les difficultés stimulent, non
la libido, mais l'intelligence.
Et comme il avait peu d'espoir de voir beaucoup de jolies filles à poil
dans la vie courante (comme on dit), il décida de se faire peintre.
De nus évidemment, histoire de se rincer l'oeil pour le bon motif.
Ce n'était que le début de ses problèmes, son émotivité de célibataire
pas du tout endurci ne pouvait résister longtemps à la vue des merveilles
qui se dévoilaient.

" Cachez-moi
donc ce sein que je ne saurais voir ! "
C'était une course contre la
montre entre sa vacillante volonté picturale et son désir montant.
Et cela finissait régulièrement par une éjaculation beaucoup trop prématurée
qui zébrait la toile en cours.
" C'est malin ! "
" Mais ça vaut une signature ! " affirment les experts en scrutant
l'A.D.N survivant.

" Attention
mademoiselle, 5.4.3.2.1.0 ! "
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" Les bras m'en tombent,
ce n'est vraiment pas le moment ... "
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" Trop
tard (ou trop tôt ?), ma peinture est foutrue (pardon, foutue) ! "
De dépit Duboudin essaya de peindre des nus habillés, un nouveau genre
qui eut peu de succès chez les voyeurs.
Puis il chercha de vraies solutions. |
Le nudiste
n'en trouva pas (comme quoi !) ou alors elles étaient idiotes,
ainsi vouloir peindre un nu en lui tournant le dos est un défi
ridicule, en plus d'être très impoli.
" Quel est donc
notre sujet aujourd'hui ? "
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Dans le même
genre, disons de privation sensorielle, le peintre anglais essaya
une nouvelle pose avec un linge humide autour du visage ; il faillit
seulement étouffer :
" Help, I need somebody, help !!! " |
Il devait quand même voir,
ne serait-ce qu'un petit peu de chair rose (il avait bien préparé ses
couleurs).
Duboudin disposa, entre
son modèle et lui, une immense vitre bien épaisse, un mieux se fit de
suite sentir, littéralement, il se détendait.

La transparence
agit.
Alors il mit un deuxième vitrage,
puis un troisième et encore un autre comma autant de filtres successifs.
A la fin Duboudin n'y voyait plus rien, il pouvait donc commencer à peindre.
Enfin c'est ce qu'il croyait car le grand verre mal accroché tomba d'un
coup découpant la malheureuse dénudée.
" Sheet ! " s'écria l'imprudent vitrier.
" Il me faut d'urgence un nouveau modèle, le dernier j'espère ... choisissons
du haut de gamme, ou alors un modèle réduit, beaucoup plus maniable.
"

Le libre
choix du créateur, disons même sa fantaisie.
Allez, disons-le.
* options : Elles sont évidemment
payantes : formes, tailles, couleurs, luxe, calme et prises " Oui-oui
" pour les récalcitrantes, vous en bavez déjà ?
Ayez des goûts plus simples si vous n'avez pas l'argent.
L'assassin était sincèrement
désolé, il tentait vainement de remettre dans le bon ordre les morceaux
épars quand sonnèrent à la porte le directeur et Guy Molet venus justement
lui parler de sa prochaine " exhibition ".
" Tiens voilà du boudin ! " s'étonna le poète en poussant la porte
de l'atelier.
L'artiste tira vite un providentiel rideau.
" Nous voudrions voir vos derniers " nus rapides " cher ami ! "
demanda aimablement guy Molet en tendant sa main toujours moite.
Le peintre maudit essuya longuement les siennes avant de bredouiller :
" Euh, c'est à dire, je ne suis pas sûr d'avoir fini ... "
Guy fixait un grand nu (?) en plein déséquilibre :
" Humm ... on dirait qu'il se casse la gueule dans l'escalier ... "
Le directeur lui regardait ses pieds, surpris des grandes traces rouges
que laissaient leurs chaussures de ville sur les tomettes ; un brin paternaliste,
il apostropha le malheureux :
" Vous devriez faire un peu le ménage, Diouboudine (il essayait
d'anglaisement prononcer), on va finir par déraper, reprenez-vous bon
sang ! "
A ce mot fatal Duboudin tomba dans les pommes (les deux) et tout est bien
qui finit mal.
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Dans la presse d'outre-Manche
notre timide exposant apparaissait sous le terrible nom de " Black
pudding ".
L'arrestation de " Black
pudding " : grand pervers ou simplement petit maladroit ?
Le mystère demeure chère loque ...
C'est quand même mieux que " Jacques le ventreur " !
Lui il mangeait les femmes tout cru, avec juste un peu de vinaigre
et d'échalotte.
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