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LE
TOUCHEUR
La terreur des
musées et l'obsession des gardiennes c'est le toucheur invertébré.

Invétéré bien sûr, celui qui
ne peut s'empêcher de tout toucher tout le temps.
Ou alors c'est un bien
mauvais toucheur et il ne nous intéresse pas car il deviendra vite grincheux.
Plus pire que le pire des toucheurs, le vertigineux touche-à-tout.

" C'est
un vrai T.T.C (Toucheur Toutes Catégories) ! "

Le toucher
Certains humains
ne croient qu'à ce qu'ils voient, et même quand ils ont tout vu, ils n'en
croient pas leurs grands yeux éparpillés (pardon, écarquillés).
Leurs cousins borgnes les conseillent alors.
D'autres croient plus volontiers à ce qu'ils entendent, mais ils ne sont
pas toujours bien appareillés et l'audition reste imparfaite :
" Allo, tu m'entends ? "
" Oui, oui, je suis bien content ! "
Les plus fous ne font confiances qu'à leurs sinus, ils vont les narines
dilatées pour identifier chaque molécule.
De redoutables allergies les guettent, surtout s'ils habitent Sapu-Sitti.
En fait ces incrédules ont tous tort, sans qu'aucune exeption ne confirme
la rêgle.
La seule manière d'être sûr de l'existence de quelque chose c'est de poser
ses gros doigts dessus, et d'y laisser son empreinte. Ainsi Peldugland
doutait du possible sexe des anges, maintenant il y croit.
Pour cela il lui a fallu se toucher souvent, et pas qu'un peu.
Plutôt genre
T.N.T (Toucheur Non Titulaire), socialement explosif.

Déjà dans l'antiquité
tardive :
Un garçon toucher
?
Enfin, comme on dit admiratif
le long de la ligne de touche en regardant les autres s'amuser :
" Y a pas à dire, il touche ! " Ou " il tripote* " pour les plus
virtuoses.
Combien, et surtout qui ?
C'est un secret de vestiaires.
* tripote
: Le vrai tripoteur roule, le plus souvent en Afrique.

Il bégaie et fait " pouet-pouet
" en permanence, c'est à cela qu'on le reconnaît.
Dans les villages paumés, on s'éloigne à son arrivée en lui faisant signe
de continuer sa route en chantier.
" Panou, panou ! " lui crient les enfants tout noirs, puis ils
se sauvent.
Ils ont raison, le tripoteur fait main basse sur tout ce qu'il trouve;
mais avec le sourire comme le gringo du café.
Ce qui devait arriver au curieux tactile arriva un jour ou l'autre.
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Témoin cet entrefilet
bien saignant ou coupure (compresse !) de presse :
" ... un forcené s'est,
dés l'ouverture, précipité sur la demoiselle florentine pourtant
six fois centenaires pour lui arracher ses vêtements de peinture
; ce trompe-l'oeil le mit hors de lui (on le comprend) et on dut
l'emmener regarder plus loin les odalisque fessues. "
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Les odalisques c'est
reposant car elles sont toujours à dormir dans des coussins.
Souvent sans soutien-gorges ; mais il y a encore plus affolant :
les clitodalisques.
" C'est vraiment d'Ingres ! " criait le malheureux, sept
fois on le mit dehors.
Le lendemain, à l'ouverture de la Fondation, il était devant la
porte.
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Alors on
mit fin à ses jours, publiquement pour servir d'exemple ; bien qu'il
serve rarement.
Encore un que la peinture a rendu fou.
Juste avant son exécution, l'homme aux mains baladeuses prononça ses
dernieres paroles (logique) :
" Moi aussi, je suis un chef d'oeuvre de la nature ! " |

Le juste châtiment.
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Pan-Pan-Pan
!
Le toucheur s'était mortellement touché, à la tête.
Il s'effondra d'un seul coup, comme un imperméable, en criant (ce
n'était donc pas tout à fait ses dernières paroles) :
" Supprimer Peldunetti, pourquoi faire ? "
Il n'avait vraiment plus toute sa tête ; en effet, il en manquait
un gros morceau. |
" Cette histoire ne me touche
pas beaucoup ! " commenta froidement une spectatrice déjà busée (pardon,
désabusée).
" Et comme ça ? " lui propsa le fils du toucheur.
" Comme ça, ça me touche beaucoup plus ! "
" Ah, vous voyez bien, vous êtes vraiment touchée ... "
Ce sera la touche finale, parole de peintre naïf et révolutionnaire.
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