FONDATION GELLIPANE

PROGRAMMATION

 

 

 

" PETITS TOURS "
ARTISTE : GASTRAU
GENRE : passe-passe
EXPOSITION n°
61 - 3
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Gastrau a l'air toujours constipé, il produit l'effet inverse chez autrui, un vrai relâchement.

Organiser l'exposition Gastrau ne fût pas une mince affaire culturelle.
Nous n'avions que des objections : d'abord elle n'était pas prévue et il allait falloir modifier notre calendrier imaginaire.
Gastrau n'est pas un artiste, c'est un magicien*, vieil ami de Vil de Lyon, ce qui ne nous rassure pas,et de deux.
Last, but not liste (elle n'est pas close comme ma maison) :
Gastrau n'est pas d'ici, alors que vient-il faire dans notre exposition du terroir ?

* magicien : Ou illusioniste, on les confond parfois avec les artistes mais la comparaison s'arrête là.

Mordicus le directeur balaya toutes nos objections de sa main leste et souveraine et les travaux commencèrent.

Sur ses instructions on construisit une grande estrade sur le devant de laquelle on posa un panneau avec en belles lettres rouges GASTRAU.
C'était simple et de bon goût, pas comme l'officiant qui était plutôt du genre crade, et malodorant.
Des pinces à linge étaient disponibles à l'acceuil pour les raffinés olfactifs, les sensibles du sinus.
Tout est maintenant prêt pour l'affellation contrôlée (pardon, l'appellation contrôlée).


Les " appelants " vont se succéder en annonçant très fort le titre de l'oeuvre dont ils rêvent depuis longtemps (toujours, c'est encore mieux).
Ceux qui ne rêvent pas à des oeuvres d'art mais à des fesses (par exemple), nous les renvoyons illico afin qu'ils se confessent, c'est mieux.
Gastrau fait magiquement apparaître l'objet désiré jusqu'alors inaccessible.

Voila le premier appelant, il est un peu timide :
" Quatre oiseaux becquetant une tige "
" Fastoche. " commente l'officiant, en deux coups de cuillère à pot (c'est son médium) la peinture est là, sous nos yeux bétonnés par l'habitude.
Pas vraiment un chef d'oeuvre mais nous n'en sommes qu'à l'échauffement.

Un deuxième appelant s'approche en titubant, c'est encore un enfant aux yeux bien rouges :
" J'appelle Pamoison de la verge ... Pardon, de la vierge. "
Le tout sans une pointe d'accent circonflexe.
Excusez-le c'est l'émotion, mais un rapport existe, une sorte d'inconscient raccourci.
" La pâmoison ce ne serait pas une forme de jouissance ? "
" Taisez-vous, vous êtes fou ! "
Ah que déjà s'avance un troisième appelant, il rugit dans son demi-sommeil :
" Deux Oiseaux et Deux Lions "

La peinture apparaît, on reste perplexe.

" Il faut trier dans ces propositions ! "
Les lions (de Lyon ?) restent invisibles.
" Il voit double même la nuit, moi je ne vois pas les deux oiseaux ... "
" Fais un peu fonctionner ton imaginaire, ton lobe concerné. "
" Je ne vois toujour rien. "
" Et bien dégage, va mourir chez les incrédules ! "
L'appelant suivant est en place, il semble ému, si timide qu'il s'est entièrement recouvert d'un drap, il annonce d'une voix douce :

" J'appelle La Naissance d'Aphodite en image, grand mage ? "

Dans la foule on siffle, on trépigne, on s'excite et on y croit ; la déception sera à l'exacte mesure de l'espoir suscité. Comme toujours.
" C'est affreux dîtes, pour une déesse de l'amour elle est vraiment vilaine ! "
" On s'y habitue, vous verrez, d'ailleurs ça ne manque pas d'air. "
Si, justement.
Le drap tombe d'un coup, révélant une appelante qui nous offre la véritable version, avec les poils, de la naissance de Vénus, mais sans sa datte (pardon, sa date).
Ce sera pour une autre fois prochaine.
En attendant, son assistante nous a drôlement trompé.
" Il se trouve où déjà le fameux mont de Vénus ? " demande un étudiant en géographie.
Aucune idée, même fixe.
On envoie la musique carrée et on fait tourner la boule à facettes.
" Quel féerie ! " fait Eric Satire, le compositeur à barbiche.

Mais le merveilleux systématique est très vite lassant et on attendait tous impatiemment la fin du numéro, la file des appelants se réduisait maintenant à sa dernière unité.
Mais c'était une unité d'élite, l'ultime appelant fait durer le déplaisir en se raclant longuement la gorge puis il se lance
: " J'appelle Dugland du fond de mon désespoir secret ! "
C'était Peldugland qui ne pouvait résister au divin plaisir de torpiller un concurrent.
On rit beaucoup, Gastrau beaucoup moins.
L'illusioniste ne pouvait faire apparaître Peldugland vu qu'il était déjà là.
Et il ne voulait plus le voir, surtout pas en peinture.
Le médium pictural avait cependant suffisament fait la preuve de ses pouvoirs créateurs, Vil de Lyon lui suggéra perfidement :
" Faire apparaître c'est bien, mais faire disparaître, en es tu cap mon fidèle Gastrau ? "
Piqué au vif de son orgeuil mal placé l'affreux mage puant s'écria :
" Tout doit disparaître ! "
PLOP

 

LA DISPARITION

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LA REAPPARITION

 

 
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