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Senzo Titollo ne parle
presque jamais, il se contente de vous regarder vite et vous croyez
pouvoir lire dans son oeil unique (sans en être absolument certain)
comme une reconnaissance de votre humanité, ce qui fait toujours
plaisir.
Pense t'il que vous êtes intelligent ?
Pense t'il que vous pensez ?
A t'il seulement remarqué votre présence ?
Non, il est dans son monde infantile et s'y complaît volontiers,
refusant d'en sortir sinon pour être applaudi.
Une autre infaillible
manière de l'attirer, telle une souris, hors de son trou et de froisser
et d'agiter une poignée de billets de banque, neuf (ou un de ses
multiples) de préférence.
Sinon il refuse de bouger car c'est là qu'il trouve l'inspiration.
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Où que les autres la trouvent, Senzo se contente de feuilleter des catalogues
de jouets, de faire* son choix puis de passer commande électroniquement.
Après, tout arrive, il lui suffit d'enlever les nombreux emballages et
d'envoyer tout ça à la Fondation, sans oublier bien sûr de modifer le
prix d'origine en ajoutant des zéros à la fin.
* faire : C'est là que l'artiste
intervient.
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" 15000 euros, cette
girafe plastifiée ! "
Qui en vaut 8,99
(avant déstockage), et c'est le juste prix.
Senzo pose les créatures
sur des socles en marbre de Cannare et le succès est immédiat, surtout
chez les plus jeunes.
L'égo : 1O OOO euros,
c'est pas cher ! " s'écrie monsieur Kindermann (un bon client).
" C'est toujours trop cher pour ce que c'est. "
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Littéralement, on se les arrache
; le directeur est ravi :
" Ce séjour dans le vert paradis des amours enfantines est vraiment une
bonne affaire ! "
" Vivement Noël ! " chante le choeur des critiques ; même les enfants
sont contents.

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" Tout se
vend ! " nous dit avec un sourire radieux miss Clitorini, notre communicante.
" Heureusement qu'on avait fait des réserves, dans la réserve. |
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Senzo Titollo
nous fait don des invendus et part en comptant ses billets doux retrouver
ses amiratrices.
Car il est aussi
un play-boy international, un play-mobil-boy donc.
Trop kitsch.
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