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Septième
station
L'IMPREGNATION
DE LYON

Le
goût est une chose mystérieuse, impératif et malléable ; difficile à comprendre
si l'on ne prend pas en compte le phénomène de l'imprégnation.
Suivant cette loi non-écrite nous sommes marqués pour la vie, pour le
pire et le meilleur par les sensations et émotions ressenties pendant
nos toutes premières années.
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Les oisillons
qui sortent de l'oeuf identifient le premier objet qui apparaît
avec leur mère et le premier son avec sa voix.
Si, un expérimentateur cruel leur propose, au lieu du joli bec long
et doré d'une maman-pélican, un train électrique, une peluche de
Mickey maousse ou une casquette Ricard, l'oisillon suivra partout
le simulacre maternel en criant joyeusement.
C'est celà l'imprégnation et c'est donc un sentiment qui échappe
à la volonté, à la raison et à la culture officielle.
Profitons-en,
c'est une part irréductible de nous-mêmes qui ne craint pas le ridicule
ni le dernier jugement.
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Ses premières
émotions esthétiques, Peldugland les eût à l'église du pays en regardant
attentivement (c'est long la messe !) les statues colorées et les angelots
dorés qui la décoraient.
C'était loin d'être
des chefs-d'oeuvre et pourtant leur fadeur et leur niaiserie saint-sulpicienne
continueront d'être pour lui une référence (et une révérence)
obligée.
Peldugland aime
aussi les santons de la crêche qui lui racontent des histoires pas toujours
saintes malheureusement.

LE PARTAGE
:
" A ton avis, y'en a pour combien ? "
" Pas bezef, c'est tout du toc ! "
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LA TENTATION
(de Lyon ?) :
" Eh, psttt mémé, on fait ribaute
? "
" Vieux dégoûtant ! "
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LA COUILLETTE
(pardon, la cueillette) MIRACULEUSE :

" T'en as de
la chance Mico* ! "
" Un beau cep, tout frais et pas piqué des vers ! "
" Tu m'en donneras un peu et je te laisserais toucher mes appas Franck
! "
* Mico :
le cueilleur s'appelle donc Mico, logique non ?
Son prénom est Franck mais il ne l'aime guère :
" Ne m'appelez plus jamais Franck ! " confiait-il à son ami Michel Saindou.
La première
peinture, il la contemplait régulièrement chez sa vieille tante
; on y voyait un chevalier-prince charmant s'agenouillant aux pieds
de sa princesse mais sans avoir ôté ses magnifiques éperons qui
allaient inévitablement lui rentrer dans les fesses et dans un futur
proche.
Cette image
l'intriguait beaucoup, elle n'est pas étrangère à son habitude de
se moquer de presque tout.
Il aime
donc aussi la peinture " pompier " qui continue de le faire rire
alors que certaines magnificences de l'art officiel* le laissent
froid comme du marbre blanc.
Mais ce qu'il aimerait le plus faire dans la vie plus tard, c'est
des ex-votos*.
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Piquante
réminiscence.
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* officiel
: depuis il s'est renseigné, a vu plus des choses et appris à en
apprécier et admirer beaucoup certaines mais celà ne change rien
à son mauvais goût de poisson.
* ex-votos
: Il en a commis quelques-uns, dans l'Ain visibles et aussi dans
le dossier cassé : " L'e-cône ".
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