CATHERINE
Le 29 avril à Montdard

 

Réflexions
croisées
:

W.S.R :
" Qu'attends tu ? "

Catherine :
" C'est vrai que tu t'occupes de la chronique mondaine et que tu es de toutes les fêtes. "

Bertrand aurait voulu éviter Montdard où il pensait n'avoir rien à faire, il se trompait comme toujours.
Il repensait à son automate, à sa gaieté mécanique ... et ses yeux s'embuèrent.
Son humeur chagrine disparut d'un coup quand sur l'unique passage clouté du village passa devant lui une brune magnifique et si piquante que son chaud coeur d'artichaut en fut de suite transpercé et saigna même un petit peu.
Mais quelques gouttes suffisent.
Il décida de rester.
Après s'être discrètement renseigné il apprit que l'apparition se prénommait Catherine, qu'elle était veuve de sénateur et maire de sa commune.
Son dévouement à ses administrés et sa vertueuse existence la faisait appeler
" La bonne dame de Montdard ".
" Pas très encourageant tout ça ! " pensait Bertrand mais il était épris et tel est pris qui croyait prendre.

Montdard

Il se morfondit 12 heures dans un Formule -1 ridicule en forme de bolide plat, cherchant désespérément comment, (et par quel moyen ?) établir une connexion.
Le fameux con-tact ?
Puis il alla sonner au portail de la fabuleuse mairesse :
" Bonjour chère madame, je me présente Bertrand Biquet, extinction des feux de brousse ! "
" Allez-y entrez, il n'y a pas de chien ! "
Mais il y avait bien une chatte.

Les présentations distinguées

" Bertrand Biquet, extinction des feux ! "

" Bonjour cher monsieur, Catherine -------, que désirez-vous ?
" Manifestement madame -------* n'était plus en deuil.

* -------- : Bertrand avait déjà oublié son nom.

Il lui embrassa passionément la main, puis montrant les sombres volutes :
"Devant cette fumée je m'inquiète et je voudrais savoir si vous n'auriez pas le feu quelque part chez vous ? "

Catherine (très au parfum) :
" Non, enfin je n'en suis pas sûre gentil monsieur ...mais ma chaudière a sans doute besoin d'être un peu ramonée, je ne l'ai pas fait faire depuis au moins deux ans ! "

Bertrand et la bonne dame de Montdard devant la chaudière.


" A votre service... mais ce n'est pas très raisonnable d'attendre si longtemps... je vais sortir mon outil ! " répond l'aimable faux-artisan.
Catherine (en connaisseuse semble t'il) :
" Il est fort long, c'est étonnant, dur et souple à la fois, très maniable et comment dire... ergonomique !
Bertrand fier de son matériel et très démonstratif :
" On peut en changer l'embout et y adapter, par exemple, une vicieuse ! "
" Dévicieuse également, j'imagine ... et aussi sauteuse ... c'est extraordinaire, on arrête pas le progrès si facilement ... vous n'aurez pas besoin d'une rallonge ? "
" Sûrement pas ! " fit le faux ouvrier vexé, à ce moment le garçon sursaute et se recule prestement.
" Qu'avez-vous donc ? " demande Catherine alarmée.
" Ce n'est rien, juste un petit court-jus assez prévisible, j'ai du mettre le doigt là où il ne fallait pas ... vous n'auriez pas un kleenex ? ", il s'essuie le front.

" Pendant que vous y êtes mon ami, seriez-vous assez aimable pour examiner mon appareil de plus près ! " exige maintenant sa cliente (qui, à ce titre, a donc toujours raison).
Bertrand se penche :
" Ah, vous avez une belle plaque chauffante ... " constate t'il immédiatement avec le coup d'oeil du spécialiste.
" Seulement par induction ! " précise la jolie mairesse.
Bertrand ne sait pas ce qu'induction veut dire, nous non plus.

"Assurément une belle plaque chauffante ! "

" C'est mieux pour la planère ! " répond-il au hasard, au moins on ne le contredira pas, il continue son étude approfondie :
" Quel délicat mécanisme, une merveille ...et le petit bouton là, il sert à quoi ? "
Catherine chatouillée :
" A rien, hi,hi, c'est juste pour faire joli... Hi,hi,hi, je plaisante, c'est pour le va-et-vient ... mais un professionnel tel que vous devrait le savoir ! "
Bertrand ,
" J'en apprends tout les jours madame ... "

Ne soyons pas plus indiscrets et retirons-nous sur la pointe des pieds en laissant Bertrand et sa bonne dame à leurs problèmes techniques et à leurs différents rêglages.

Ils furent assez longs car sa cliente était exigeante, toute l'installation fût passée au crible.
Le malhonnète artisan examina tout bien comme il faut, et plutôt deux fois qu'une car on ne prend jamais assez de précautions (il avait même mis un casque).
Surtout quand on n'y connaît rien.

Le va-et-vient fonctionnait parfaitement, mais une panne étant toujours à redouter, le garçon promit de repasser régulièrement, pour un nouvel entretien.
Mais c'était sans garantie.

Catherine l'accompagna jusque devant la maison en remerciant encore Bertrand pour son ardeur au travail, et son professionnalisme, au nom de Montdard tout entier.
Le garçon fut touché (dans ses sentiments) et répondit au compliment :
" Et au nom de mon dard, merci madame, il vous en sera éternellement reconnaissant ... puis, beaucoup plus bas : ma chérie bricoleuse ! "
Comme les montdardois se lamentaient devant leur poubelle calcinée, la " superbonne* dame de Montdard " vint rayonnante au milieu de ses concitoyens afin de les réconforter dans cette épreuve du feu.

* superbonne : Dixit Lapin.Blanc.Rapide en O.Q (Ouvrier Qualifié).

Avant de partir, Bertrand posa pour la photo officielle avec Catherine et quelques fonctionnaires territoriales (ses préférées), dans le fond, à gauche, une partie de la maquette " Mondard du futur " est bien visible, car la dame a de l'ambition.
Si en plus il avait pu contribuer à sa réelection, il aura fait d'une bière deux coups ... peut-être bien trois ?
" En tout cas, quelle salopette ! " conclut-il admiratif tout en repliant son vêtement de travail bleu.

Après le pot-de-vin d'honneur, la mairesse l'avait discrètement attiré dans un coin pour lui faire une proposition presque malhonnète.
Le lapin bricoleur n'en croyait pas ses longues oreilles.
On lui proposait un allêchant contrat : un emploi super- fictif rien que pour lui, il n'aurait strictement rien à faire, même pas à répondre au téléphone, juste être là, sagement assis derrière son ordinateur éteint.

Catherine s'accrocha à son bras :
" Ensemble nous ferons de grandes choses, nous poserons la première pierre du nouveau Mondard, plus haut, plus grand, plus fort, plus ... plus !"

Le chantier du futur, Bertrand est juste à l'échelle du grand projet.


La première magistrate de la commune s'exaltait, en fait c'était une visionnaire, on dut la porter à l'ombre pour la ramener à sa température normale.
" Elle est prête à tout pour Montdard ! " constata le plombier d'occasion.
Le garçon admirait ce dévouement mais il profita de ces vapeurs pour prendre la tangente, ne s'imaginant pas en notable d'appoint à durée indéterminée.

Il partit rejoindre son petit véhicule, coincés derrière ses essuie-glaces, des petits mots assez doux réclamaient son intervention anti-calcaire, urgemment.
Tout semblait bouché par ici.

Bertrand s'était donc fait rapidement une clientèle, en tout cas déjà une cliente.

Une bonne prise de bec, et de parts de marché.
" Il y a du travail à Montdard pour qui n'est pas fainéant ! "
Mais lui il l'était, pas de chance.

 

Aperçus

A Montdard, j'arrête mon char
Du soleil rose
Pour un instant salement

 

 

 
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