SANDRINE BIS
Le 2 avril à Saint-Félix

 

" Pompier un jour, pompier toujours "
C'est (depuis peu) la fière devise du douzième peloton, le voici au grand complet avec sa mascotte et son nouveau camion.

Pour trouver Saint-Fellix ce n'est pas difficile, il faut suivre les panaches noires (si vous voyez un panache blanc, c'est Henri 4, tout en protestant vous pouvez le suivre aussi).
De Saint-Fellix, le chat ne se rappelle de rien mais Bertrand de tout, la preuve c'est qu'il nous a tout raconté, et sans se faire prier.

Il avait rencontré Sandrine lors d'une démonstration d'extincteurs à la caserne des pompiers locaux (qui sont trop forts, il s'en rendra compte plus tard).
Elle était très attirée par les soldats du feu, seuls capables d'intervenir à tout moment pour éteindre l'incendie qui couvait chez elle en permanence au niveau de l'entre-sol.

Suivant l'exemple de l'incendiaire qui crie au feu, les sulfureuses jumelles allument partout de nouveaux foyers étant certaines d'être les premières sur les lieux diu sinistre.

Qui l'est ainsi beaucoup moins.
En attendant les secours, elles se chauffent aux flammes carressantes avec leurs petits écriteaux.
On entend les sirènes, ils arrivent déjà.
Malgré leurs incessantes interventions, les pompiers ne venaient jamais à bout de l'incroyable brasier qui repartait de plus belle dés leur départ.

Alors " Pin-pou, pin-pou ! " encore, de nouveau sortir la longue lance super-puissante, et la grande échelle qui monte, qui monte ... qui monte jusqu'au septième ( ciel ! ) si le matériel est bien entretenu.
En homme d'expérience le capitaine avait institué une rotation de ses effectifs dont il voyait les forces, et donc l'efficacité, diminuer jour après jour.
" C'est chaud devant mais c'est aussi chaud derrière ... " commentait-il, les sourcils brûlés et le visage ruisselant devant les caméras de la télévision.
Malgré leur courage et leur légendaire vigueur, les soldats du feu désespéraient de venir à bout de l'incendie au milieu des inextriquables (pardon, les épais) fourrés.

" Pas moyen de s'approcher ... on en viendra pas à bout comme ça ... " confia à Bertrand un jeune sapeur épuisé au visage noirci.
" Sans doute pas par les moyens habituels ! " répondit le garçon avant d'aller acheter à la belle encore fumante le best-seller du moment sur le sujet :
" Pompier un jour, pompier toujours ! "
A sa grande surprise, la jeune femme lui rendit l'opuscule tricolore en lui expliquant que ça ne l'intéressait pas du tout, que sa vraie passion à elle c'était le monde sous-marin et les monstres qui le traversent en tout sens en s'entredévorant sans état d'âme.


Réflexions croisées

Sandrine :
" Quand je pense qu'elle jouait aux bonnes copines avec ça ! "

W.S.R :
" Allez viens ; " .

" Souvent femme varie ... " dit le proverbe, patient et pragmatique (deux qualités indispensables au séducteur), Bertrand fonça de nouveau à la librairie pour se procurer " Les pieuvres et l'amour " du commandant Costaud, un bel hommage aux tentacules et aux ventouses de tout les pays.
Il hésita longtemps entre ces céphalopodes et les raies* qui le passionnent aussi beaucoup.

* raies : La raie publique étant l'espèce la plus commune dans nos eaux françaises et démocratiques, mais on peut aussi croiser la mauvaise raie putation et la craintive, mais rare, raie sipiscence.

Son offrande n'eût pas plus de succès et d'une moue dédaigneuse la jeune femme lui rendit à nouveau l'ouvrage en lui conseillant de l'offrir à sa soeur Sandrette qui elle avait vraiment un faible pour ces créatures aquatiques aux longs bras préhensiles et câlins.
Tout s'éclairait !

Bertrand avait affaire à une paire de jumelles, et de très bonnes.

 

Avant leur champêtre rendez-vous,
Sandrine et Sandrette
vérifient que tout est bien en place.

Loin de le décourager, cette nouvelle situation l'enchanta, il proposa aux deux soeurs un pique-nique champêtre, ce fût une excursion des plus scabreuses dont le souvenir empêcha longtemps Bertrand de se retourner* dans son lit le matin.
Une expérience comment dire ... binoculaire, c'est celà !

* retourner : Sans doute par crainte d'une fracture de la verge ce qui chez un grand sportif comme lui serait une vraie catastrophe.


Le temps était clair et leurs provisions délicieuses.
Durant leur déjeuner sur l'herbe, les langues se délièrent agréablement :
" Je t'aime Sandrine ... "
" Non moi, c'est Sandrette ! "
" Je t'aime aussi Sandrette, autant que Sandrine et bien plus qu'hier quand je ne te connassais point encore ... mais bien moins que demain quand je serais loin ! "


" Demain peut-être mais aujourd'hui c'est pique (et) nique le programme, alors il faudrait assurer les deux ! "
Le garçon voudrait pourtant finir sa première quiche.
" Pfff, c'est toujours trop ou pas assez, où est donc leur juste milieu ? " s'interroge t'il au bord de la syncope.

Dés que Sandrine s'amuse, Sandrette s'ennuie, ce sont de vrais vases communicants. Et quels vases, rien à voir avec des postiches (pardon, des potiches). Quel épuisant va-et-vient !

" Et moi, et moi ? " appele Sandrine du bosquet voisin, Bertrand se précipite, abandonnant Sandrette qui fait déjà la (jolie) tête au milieu des pâquerettes.

Il revient à elle, sautillant dans l'herbe fraîche comme un joyeux lapin qu'il est :
" Qu'y a t'il donc ma douce 1* pour votre service complet ? "

* douce : Il a décidé de les appeler toutes les deux " ma douce " c'est plus simple et moins dangereux.
Il les identifie ensuite avec leur numéro.

La surexcitation

" Faites votre travail de lapin un peu plus sérieusement, on s'ennuie ! " râle Sandrette en effeuillant nerveusement d'innocents coquelicots.
" Ma douce 1, j'entends l'alouette givrée et le pouillot véloce, il est temps de gibouler ! " répond poétiquement l'intéressé aux belles oreilles.
Bertrand veut toujours conter fleurette, mais dans le calme.
Il se glisse sous les buissons de buis et se retrouve en quelques bond auprès de ... de qui déjà ?
C'est bien Sandrine, il la reconnaît à son ... bassin si particulier, elle ouvre des yeux étonnés grands comme des marguerites.
" Ma douce 2, attends-moi j'arrive ... " lui souffle Narcisse à son passage.
Elle ne voit plus du Lapin.Blanc.Rapide que son petit derrière clair qui saute à travers les genêts.
" Lapin, reviens ... gentil lapin, où es tu ? Allez sors de ton trou, pardon, de ton terrier... Lapinou*, hou, hou ... "

* Lapinou : C'est bien là la question !

Free rabbit : born to be wild

Ma douce 1 et 2 battent les buissons à sa recherche.
Bien à l'abri sous les bégonias doubles, l'obsédé rongeur broute avidement une grosse touffe de renoncules (Ah le langage des fleurs !).
Son petit nez remue vite, signe d'un vif contentement...
De cette fine partie de campagne Bertrand revint frais et moulu, couvert de paille, de petites crottes sêches et dures et de larges traces de rouge à lèvres.
Mais son poil était doux et soyeux.

Les deux rivales s'étaient un temps associées afin de mettre les mains sur la précieuse dépouille.
Après elles se la disputeront férocement.

Quand il remonta dans sa Misérati* de location pour quitter Saint-Fellix, il trouva sur le siège un petit paquet parfumé, c'était un cadeau des deux soeurs.

* Misérati : La voiture de ceux qui n'ont pas les moyens.

Il contenait un petit flacon plein d'un liquide épais et marron.
Avec un petit mot qui expliquait rapidement que les jumelles avaient trouvé le lapin bien sympathique mais vraiment trop rapide-rapide.
Alors elle lui offrait cette aphrodisiaque hyper-puissant et donc à utiliser avec prudence.
" Pourquoi seulement avec Prudence ? " se demanda le garçon.
Il rangea le précieux flacon dans la boite sans gants.
Bertrand état touché de la délicate intenton et c'est la larme à l'oeil qu'il prit la route de Font-de-Grume et de ses nombreux dos d'ânes (on l'avait prévenu).
Avait-il présumé de ses forces ?

En chemin il croisa de nombreux véhicules de pompiers venus en renfort des casernes voisines.
Il leur fit le signe de la victoire :
" Heureusement qu'ils sont là, toujours sur la brèche ! "

Les vaillants soldats du feu ne se découragent jamais, et pourtant il est inextinguible.
Mais il n'est pas besoin d'espérer pour entreprendre, ni de parler pour ne rien dire.
Sinon les volcaniques jumelles allaient mettre le feu à toute la région.

Bertrand fut rassuré, l'incendie serait con-tenu, mais pour combien de temps ?
Au dessus de lui, dans le ciel noir de suie, tournait un couple de canadairs.
Le garçon s'arrêta pour observer leur étrange parade nuptiale.


Aperçus

Souvenirs de Saint-Fellix
Un peu brûlés
Lettre suie

 

 

 

 
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