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PIERRETTE
A LA FOLIE
Le 27 avril à Commédon
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Rubrique
- Ma vie à deux -
(extraits)
Pierrette
est très souvent dans la lune et cela agace beaucoup Bertrand.
Pierrette :
" Je rêve d'un petit étang avec des vaches blanches autour ... "
Bertrand :
" Mais enfin, nous y sommes, qu'est-ce qui cloche ... de vache*
? "
* vaches
: Extraordinaires animaux qui ne sont jamais étonnés, de rien.
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Commédon est ce
qu'on appelle vulgairement (pourquoi vulgairement ?) un trou.
Ce n'est pas juste une image de plus, c'est, de plus, une image juste
car Commédon est vraiment un trou.
Enfin le fond d'un trou*, la cité s'y est enfoncée en même temps que la
mine qu'elle creusait, en se penchant un peu on la voit mieux.
Commédon ne recevant le soleil qu'aux solstices, c'est un lieu peu propice
aux villégiatures, en fait il faut y tomber pour s'y arrêter !
* trou : Il
existe d'autres trous remarquables comme le mystérieux trou de Mémoire
(qu'on n'a jamais retrouvé !) et le fameux trou de Bâle en Suisse alémanique.
" Voila un endroit où
on ne viendra sûrement pas me chercher ! " se dit Bertrand devant
la piteuse façade de l' Hôtel d'Art Maniaque (pardon, d'Armagnac)
" Elle aurait bien besoin
d(une couche de peinture, pour la rafraîchie d'abors, et la ravaler
ensuite ..."
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C'était le plus
redoutable boui-boui de toute la région, il servait aussi de maison de
passe partout à l'occasion et d'atelier clandestin de réparation de V.T.T
pendant la morte saison.
Et elle était vraiment
morte, voire déjà enterrée.
" Nous n'y serons que plus au calme ! " se tranquillisa Bertrand en s'enfonçant
jusqu'à disparaître sous l'énorme édredon.

La chambre
disparate.
Depuis la veille le
garçon était complètement traumatisé, Pierrette était partout, omnipotente,
omniprésente et omnisciente, il redoutait de ne jamais plus pouvoir bouger
sans la trouver sur son chemin vicineux*.
* vicineux
: Chemin que le vice inhale.
Alors il était
venu s'enterrer (pour la journée) ici, dans ce bar à hôtesse sans hôtesses*
devenue pension de famille sans familles.
* hôtesses
: La dernière était partie en 1943 rejoindre le maquis de l'Air, elle
y fait toujours hôtesse.
Le mobilier était
sûrement d'époque mais de toutes les époques réunies dans un surprenant
collage.
L'effroyable papier-peint marron à fleurs rosâtres avair résisté déjà
à plusieurs conflits,et à l'humidité.
Tout comme la patronne, personne au demeurant fort sympathique et qui
avait des tas de choses à raconter car elle était vieille comme ce monde.
" Mademoiselle, dit-elle à Bertrand, il y a quelque chose pour vous !
"

L'incroyable transformation.
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Pourquoi " mademoiselle ", n'avait-elle plus les yeux en face des
trous ?
Ou la vue trop basse ?
Que non, la vénérable commédonaise voyait toujours clair, simplement
Lapin.Blanc.rapide (estimant que deux précautions valent mieux qu'une)
s'était travesti en femme, un déguisement qui devait lui assurer
la plus parfaite tranquillité. Il en était sûr de lui, enfin d'elle.
Et comme trois précautions valent mieux que deux, il avait logiquement
changé d'identité devenant pour l'état si vil et ses divers représentants,
Bernadette Bicouyou.
La transformation lui avait pris beaucoup de temps et le résultat
était plus ou moins réussi, de dos dans le brouillard, il pouvait
faire illusion comique mais de face sa fausse poitrine à deux étages
donnait au garçon une trop curieuse silhouette.
On se retournait sur son passage, c'est certain.
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Il n'en avait pas moins reçu dans les ruelles de Commédon un certain
nombre d'oeillades bien appuyées qui le faisait rougir de confusion.
A noter aussi quelques sifflements (admiratifs ?), une proposition malhonnête,
deux attouchements (un probable et un confirmé) plus divers hommages collatéraux.
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" Etre
une femme ... " chantait Michel Saindou.
Comme ça doit être bien, il n'y a qu'à se laisser admirer.
Réflexions
croisées
L'inconnu
perspicace :
" Vous êtes inhumain, on vous l'a déjà dit ? "
Bernadette
:
" C'est vrai. "
Bertrand en connaissait maintenant certains avantages, le principal
pour lui étant de pouvoir aborder les autres femmes sans qu'elles
se méfient.
Quelques inconvénients aussi, devoir serrer les genoux et ne plus
avoir accès aux pissotières survivantes, peu de choses, en somme.
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Reprenons le
fil de notre récitation (de Lyon?).
" Ah bon, et qu'est ce qu'il y a t'il pour moi ! " répondit en minaudant
la fausse Bernadette.
" On a apporté un bouquet ; c'est incroyable, seulement là depuis quelques
heures et déjà des admirateurs ... " répondit l'octogénaire avec un sourire
complice.
Bertrand manqua de s'évanouir, il craignait le pire et ne fût, comme d'habitude,
pas déçu.
Une petite enveloppe
était agraphée sur l'emballage transparent, le garçon l'ouvrit et lut
rapidement le billet qu'elle contenait :
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"
Mon cher Hubert
J'ai bien compris que tu devais te cacher
à cause de tout ces gens qui veulent te
faire du mal.
Et pourtant, tu n'as pas hésité à me crier
ton amour (?) malgré le danger autour du
rond-point.
Je ne t'abandonnerais jamais (Pfffou !)
surtout dans ces circonstances difficiles.
Je serais ton adjointe, ta subordonnée dévouée,
ta garde-du-corps, ta messagère, ton contact,
ta Matata-Hari (??), je t'aiderais dans
tes missions impossibles où s'il
le faut, je saurais faire diversion (???).
Ta
Pierrette
P.S
: Fais attention, ton costume de femme ne
trompe que les hommes.
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L'épistolière
en pleine réflexion, elle essaie de comprendre mais c'est peines vraiment
perdues.
Les lettres d'amour enflammées finissent souvent brûlées.
Le destinataire
écroulé.
Bertrand
était complètement découragé, ses collants lui irritaient les
cuisses, sa fausse poitrine avait complètement dégringolé et avec
la chaleur, son trop abondant maquillage s'était transformé en
une épaisse couche grasse polychrome avec au centre la tache garance
du rouge à lèvres étalé.
Il se regarda dans le miroir et eut envie de pleurer devant ce
clown triste..
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Puis il se reprit
ses esprits en main, il griffonna une réponse, offrit les fleurs a la
tenancière des lieux, paya la note et partit sans se retourner de peur
d'être suivi.
Justement il était suivi, mais par un homme, puis un deuxième commédonnais
se joignit au premier, et un troisième ...

Et de quatre !
Malgré son état lamentable, Bertrand a un succès complètement
fou.
C'est à s'interroger sur le rapport des commédonnaises avec le
sexe, ou sur les problèmes ophtalmologiques de leurs conjoints.
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Réflexions
croisées
Le
choeur des commédonnois déboussolés :
" Nom d'une pipe !
J'ai attendu deux heures pour trente secondes ! "
Bernadette
:
" Je vous trouve sympas, mais je ne peux rien faire pour vous !
Désolée ! "
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Bernadette releva
sa robe et prit ses jambes poilues à son coup.
Etre une femme c'est aussi du sport, parfois il faut savoir courir vite.
Pour toujours plus de clarté, nous citerons intégralement le texte de
sa missive mensongère :
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Chère Pierrette
Pour les nécessités du service et dans l'intérêt supérieur
de la nation, j'ai du sacrifier ce qu'un homme a de
plus chair, ses couilles*.
Et le reste* aussi.
*
couilles : Appelons enfin les choses par leur nom dans
cette histoire !.
* reste : Tout le reste ?
Après cette délicate opération, je serais vraiment devenue
une femme.
Ce n'est pas que ça m'amuse mais la nécessité fait l'oie,
comme on dit.
Dans ce cas elle fait le chapon*, au ventre jaune.
*
chapon : De Bresse, mon poulet eunuque !
Vous
comprendrez bien que dans mon nouvel état, il me sera
impossible de vous revoir, cela me gênerait affreusement.
Je compte sur votre délicatesse, votre courage et surtout
votre discrétion à l'épreuve des balles.
Et du temps.
Signé
:
B.B ex H.B.C " (Bernadette Bicouyou ex Hubert-Bonisseur
de la Chatte)
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On ne pouvait
pas être plus clair !
A quelle bassesse n'est-il pas prêt (et résolu) pour échapper à la dévorante
passion ?
Vous le découvrirez bientôt, à notre grande honte.

Note
: Aujourd'hui j'étais inspiré,
c'est tout les 27 du mois alors j'en profite.
Rendez-vous poétique le 27 mai.
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Aperçus
A Commédon,
daine, surgissant de la ligue comme de fièrs biscuits, Saint-Mondant,
Balamuc* et Cheautres jouent une même étonnante économie de couleurs,
du blanc au noir, en passant hier par de subtiles nuances de mohair
ou de bleu.
Quatre majeurs bâtis à proximité de l'air, au pied élancé d'une
colline ou d'un neck basaltique, pour mieux se mettre à l'abri vos
Popstars.
Avec leurs ruelles étroites et toujours serpentant parmi un jeu
d'imposantes demeures, leurs passages voûtés taillés dans du pire,
tous ont gardé, sans que nul artifice ou richesse spéciale ne vienne
l'altérer, l'ambition de ce coeur.
* Balamuc
: Commune jumelée avec Balajo (Italie), Balafon (Sénégal), Baladeur
(Norvège), Balistic (Bosnie*) et tout prochainement Baliverness
(Ecosse).
* Bosnie
: Et Rzégovine* dans tout ça ?
* Rzégovine
: Une ex-balkanique donc compliquée, elle ne rêve que d'indépendance
!
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