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Dans son agendada Guy Molet
note et commente les évènements culturels lyonnais qui lui semblent
intéressants et significatifs, autant dire qu'il n'est pas surchargé
de travail.
Tagada-tagada* !
* Tagada-tagada : Tsoin-tsoin
et sa célèbre fraise lui donnant la réplique.
Cette semaine Guy Molet va
au concert, c'est étonnant car il n'aime pas beaucoup la musique.
" Justement, allez-y car ce n'est pas vraiment de la musique !
" lui conseilla un ami dont les tympans saignaient encore.
Le Pelduman Brothers Quartet
avait la réputation de jouer fort, et longtemps ; connaissant l'effet
dévastateur produit sur les rares auditeurs, le quatuor exigeait la
fermeture des portes (de l'extérieur) dés le début du concert, toute
entrée étant définitive.

Joe, Jim,
Bob et Ted, ensemble ils construisent le mur du son.
" Et derrière ce mur,
il y a sans doute de la musique. " se disait Guy Molet.
" Bonnes vibrations ! " répétait son voisin aux oreilles déjà
percées.
" Free-naze, free-naze ... " hurlaient en boucle les quatre possédés
du décibel.
C'était un curieux concert, il n'y avait pas de morceaux, pas de début
ni de fin, un seul long et unique larsen collectif sur fond de roulement
à la grosse caisse Donk, l'enfer sur terre.
Le plâtre tombait du faux-plafond par plaques entières, Jim faisait
un solo paraît-il.
Les habitués se tapaient la tête contre les cloisons avec délice, seule
Odika, la groupie sourde et obèse restait béatement assise au premier
rang.

Quand Jim Pelduman revint
seul interpréter acoustiquement " La
ballade de Pelduman " on aurait cru qu'il chantait en play-back,
mais sans enregistremet, muet comme un poisson.
Tout le monde lui crachait dessus, c'était le rituel.
Enfin les portes s'ouvrirent, dehors la ville semblait baignée dans
un étonnant silence.
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