FONDATION GELLIPANE

PROGRAMMATION

 

 

 

" SIMPLE GENIALITE "
ARTISTE : BERNARD DIGNAUD
GENRE : ballon rond
EXPOSITION n° 23 - 3

.

 

 

 

Les génies attirent du monde, c'est bien connu.

A force d'entendre dire partout que les footballeurs sont des artistes, et pour bon nombre d'entre eux, de véritables génies, le directeur en a tiré une conclusion :
" Faisons venir à la Fondation un de ces génies du ballon rond. "
" Oui, oui ! fit Miss Clitorini enthousiaste en battant des mains, je n'en ai encore jamais vue ! "
" Rassure-vous, nous non plus. " lui répondit sarcastiquement Octave des Obres que les dérives directoriales inquiétaient de plus en plus ; s'il le pouvait, il organiserait volontiers un coup d'état, à l'ancienne.
Peldugland suggéra assez perfidement :
" Et pour bien prouver que les footballeurs sont des artistes, demandons à chacun de dessiner un ballon. "
" Sans oublier de le signer ! " insista bien notre intéressé dirigeable (pardon, dirigeant).


Cette proposition plastichienne était un piège, les résultats le prouvent assez.

Maintenant que nous savons à quoi nous en tenir sur les artisteries des stars du crampon, penchons-nous sur leur supposée génialité.
Quelle suppositoire (pardon, supposition) !
Pour l'illustrer il nous faut un exemple : prenons au hasard Bernard Dignaud.
Le dernier des " tecniciens de surface* " a construit toute sa carrière sur le fait qu'on le confond, phonétiquement parlant, avec un brésilien, donc, par définition et simple atavisme, un génie du ballon rond.
Ce joueur nous en fera sans tarder la démonstration, pour l'instant, il s'échauffe avec Miss Clitorini.

* techniciens de surface : De réparation, il préfère cependant les grandes surfaces, plus conviviales mais où on se bouscule tout autant.

Il faut vite installer la pelouse synthétique.

Puis accueillir un inhabituel public, assez bruyant ; plus trois faux Pelé et un tondu retardataire (à l'extrème droite).

La Fondation Gellipane est plongée dans une demie-obscurité, un rond de lumière jaune se dessine sur l'herbe verte fluorescente puis, au signal du directeur, on envoie la musique : Bernard Dignaud fait son apparition, il n'a pas de numéro sur son maillot*.

* numéro : Il n'en a pas besoin car il n'entre en jeu que lors des matchs truqués pour faire perdre son équipe.
Mais alors il pèse lourd sur la physionomie du match qui tourne à la grimace.


Il commence par jongler avec 25 ballons multicolores pour bien s'essuyer les crampons.

C'est juste féérique.

Et après les principes, il s'attaque aux figures.

- Pour commencer le fabuleux " pincement de jambes " (votre adversaire ne s'en relèvera jamais et vous non plus), il enchaîne avec une démontration de " passes aveugles ", un geste simple consistant à envoyer le ballon n'importe où.

Aucune difficultés techniques majeures pour lui, il distribue le jeu parfaitement au hasard.

- Ratatatata - ah, un roulement de tambour, Bernard Dignaud est déjà bien essouflé, on a planté un grand poteau blanc, c'est donc le moment tant attendu où l'artiste va nous présenter une figure de son invention : l'incroyable " poteau rentrant " !

 

Et paf, poteau rentrant !

 

Il en voit 36 ballons.

 

" Un de ces jours il va finir par se tuer... " s'inquiète sa maman.
Juste après s'être fait soigner sur un banc de touche-touche, Bernard Dignaud nous expliqua la difficile genèse de sa création footballistique :
" Je suis d'attaque devant les buts mais je sais par expérience (ça compte !) que je ne pourrais jamais rattraper le ballon, alors je fonce tout droit sur le poteau ce qui déroute le gardien adverse et fait une agréable diversion.

Les pauvres filets en tremblent d'effroi, le goal, n'imaginant même pas qu'il s'agit d'une feinte, se précipite pour me donner les premiers secours, le chemin du but est alors grand ouvert. "
" En clair, vous vous sacrifiez pour l'équipe ? "
" Ce sont les consignes du cautche* qui préfère que je sorte le plus rapidement possible. "

* cautche : Entraîneur en auvergnat.

Après ça, le reste n'est que routine, même les fameuses balles piquées ... et malheureusement quelques balles perdues.
Pas pour tout le monde car il y a toujours quelqu'un pour les ramasser.
Bernard Dignaud nous fait un véritable balai et Thierry en rit, ce n'est pas grave ; enfin si, un peu.
" Il est génial ce Bernard Dignaud ! " s'enthousiasme Peldugland en essuyant des larmes de joie.
" Ah, vous voyez bien ! " répond le directeur avec un grand sourire.
Comme toujours, c'est lui qui avait raison.
La cuillère, la louche, la fourchette, la bicyclette, la moulinette, le casse-noisettes (sans les coquilles !), la cloche, le corner sortant, les feuilles mortes, la feinte de l'oeil, le coup du lapin* et celui du sombre Eros, tout y passe.
On entend siffler ses adducteurs depuis la route.

* lapin : Il faut juste un peu de salade, le reste n'est que toucher de balles.

Bernard Dignaud finit habituellement son exhibition par l'extraordinaire " tête plongeante ", en effet après cette figure il est toujours bien content de regagner les vestiaires.
Même en zig-zag ou sur la civière.
Alors, génie ou pas ?
Le public a déja choisi, mais si !

 

 

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