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Le coït universel
LAPINCHAUX
Pour un peintre, c'est un nom
prédestiné et nul animal n'échappe à son pinceau agile, surtout pas les
femelles.
Il aime beaucoup la nature qui le lui rend bien malgré tout ce qu'on dit
de son indifférence ; peindre le met en constant état d'érection et tous
ses modèles ont depuis longtemps désertées* l'atelier ; alors il peint
des animaux, surtout au printemps.
* désertées : Enfin, c'est
ce qu'elles disent.

Sensations
animales garanties.

La
fatale inhibition
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Son attitude le soir
du vernissage faillit faire scandale et on dût le mettre derrière
de solides barreaux d'où il poussait des cris à fendre l'âme en
voyant défiler les belles visiteuses.

Décidemment,
la nature l'inspire toujours autant.
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Pas rancuniéres, russes et
jolies comme des poupées, un trio d'ex-modèles de Lapinchaux, mesdemoiselles
Katarina Bokulovski, Tatiana foufounov et Nastasia Ptitpipovna.
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L'artiste est celui
qui a de grandes oreilles.
Son animalité n'est plus
un problème, depuis qu'il a lu " L'art c'est la santé " de monsieur
Klein, il bande à l'aise.
Parfois il va bandessiner dans les garennes :
lapines attention !
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Lapinchaux n'est pas bavard
mais entre deux extatiques érections, il nous murmura discrètement ;
" Le musée moderne est un espace abiotique et anti-poètique qui nivelle
le goût et anéantit l'esprit critique en réduisant les fleurs sensibles
de l'esprit humain à de spectrales propositions formalistes :
c'est devenu aussi bizarre que l'immaculée conception ! "
Vous avez l'air conditionné Jeannot, si je peux me permettre.
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