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Vil de Lyon
est sur les dents, il vérifie tout, en fait il emmerde tout le
monde...
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Pan-Pan-Pan
Les trois coups résonnent
derrière la cimaise, Vil de Lyon jette un dernier coup d'oeil pour
vérifier si tout est en place.
On tire les grands rideaux et le présentateur apparaît en pleine
lumière dans son costume à cravates multiples, sa panoplie de Monsieur
Déloyal.
Il est le maître de l'étrange cérémonie ; pour bien comprendre ce
qui va se passer, il serait bon de décrire le visuel.
La mise en scène est simple, elle consiste en un grand escalier
qui traverse et coupe l'espace sur toute sa longueur monotone.
Sur chacune des marches dénommées paliers (pour pallier à une inévitable
répétition), une inscription indique le niveau atteint.
Par la dernière crue ?
Non, par l'état d'esprit du futur initié qui monte, qui monte, monte
jusqu'au dernier palier, une plate-forme où Vil de Lyon se tient
malaisément tout au bord d'un petit plongeoir.
Le dispositif initiatique
(tout en bas, Peldugland s'échauffe).
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" C'est une sorte de décompression
à l'envers. " remarque Guy Mollet qui a tout compris, intuitivement
et avant les autres (c'est pour ça qu'il est poète).
En fait il s'agit simplement d'une symbolique ascension ponctuée de quelques
rites de passage à niveau au dessus ; afin d'arriver tout en haut où Vil
de Lyon attend l'initié pour lui donner l'Enseignement Supérieur, ainsi
qu'une prime de risques.
" Symbolique ! " insiste le directeur.

Dans le plafond, des aspirateurs
de mauvaises vibrations sont installés, on a choisi les plus gros modèles.
Les candidats se pressent le bout des doigts en signe ...
Disons, de la main.
" Il y a beaucoup d'appelés*, mais peu d'élus présents ! " constate
déçu Mordicus qui ne cache plus ses ambitions municipales.

Un appelé
- un élu - etc ...
* appelés : Ils sont sept,
après de nombreux essais, on admit que c'était le nombre maximum de personnes
pouvant se tenir sur une seule marche.
Sept, comme les doigts de la main, la nationale ou les péchés capiteux.
- L'inévitable Manqué
s'élimina de suite en ratant la première marche.
- Au second niveau, une bousculade savamment organisée fit chuter Johnny
Car l'américain, un rude candidat. L'homme volant essaya de remonter
par la force de son mental, mais c'était interdit.
- A cinq, impossible d'avoir un coin à soi, Franck
Asanier craque le premier, il se jette du troisième palier.
- Octave des Obres ne put jamais passer la quatrième, à cause de son vertige.
- Antépénultième* marche, ils ne sont plus que trois ; alors on s'observe,
on se renifle, on se tourne autour et cela dure longtemps.
Herr Satz fatigue
avec ses semelles de plomb, les deux autres l'ont bien sûr remarqué.
Bientôt le malheureux s'effondre sous son propre poids, il ne reste plus
qu'à en pousser les fragments coupants par dessus bord.
* Antépénultième : Qui
précède la pénultième.
Merci mon petit Robert pour le déplacement.
- Avant-dernier palier, personne
ne descend.
Maître Tchi fait semblant de somnoler, c'est la ruse asiatique classique.
Soudain, tel le dragon, il lance un " TCHI " terrible et fumant en direction
de son voisin de palier.
Celui-ci se retourne, c'est Peldugland, il a mis ses peldunettes de combat
et braque vite* son éjaculateur sur l'assaillant.
* vite : Comme dans " Pan-pan
t'es mort ! " avec Buque John.
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PSCHHH, pleine puissance
!
Maître tchi est éjecté jusque sur le parking.
" Enfin seul ! " se dit le triomphateur modeste qui sent
juste un peu le roussi.
Pas longtemps seul car sur la dernière marche s'impatiente Monsieur
Déloyal (alias Vil de Lyon) qui devrait le proclamer vainqueur.
Il a vaincu (alors qu'un
seul lui suffirait pour s'asseoir).
De qui ?
De quoi ?
C'est ce que notre nouveau héros souhaite comprendre.
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Mais d'abord il doit
se présenter :
" Bonjour, je suis Peldugland, un plastichien de garde style
" primitif urbain ", autodidacte, par nécessité d'abord, par vocation
ensuite.
Sagittaire, ascendant de Lyon donc (il sort son petit papier étoilé),
donc curieux, généreux, fiable, intuitif, minutieux, habile, optimiste,
inventif et gracieux. "
" C'est tout ! " commente juste l'animateur du jour, un discret
échange par l'oreillette gauche et il reprend :
" Mais puisque aujourd'hui il n'y a pas mieux ... " il claque
des doigts.
/ Clac /
Monsieur Déloyal s'est blessé, il porte son majeur endolori à sa
bouche en grimaçant.
But the show must go on et Miss Clitorini surgit comme prévu en
vespale* post-moderne porteuse de la fameuse couronne, Peldugland
refuse d'enlever son volumineux chapeau-mental.
Et puis
notre héros
a besoin de souffler un peu.
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En se dressant sur la pointe
de ses petis pieds nus, la vespale arrive à accrocher les lauriers sur
le dessus de la coiffe.
Après notre communicante dévale les différents niveaux initiatiques, freine
et s'arrête miraculeusement à l'extrème bord de rien ; demandant simplement,
tout en rangeant sa mêche folle :
" L'ai-je
bien descendue ? "
* vespale : Une vestale
sur une vespa.
Nouveau
concept, nouveau design, tout est dans le compromis.
Sur la plus haute branche
(pardon, marche) Peldugland fait face à la foule*, il a remis ses
peldunettes à cause des flashs.
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foule : Bien clairsemée, beaucoup de gens étant partis depuis déjà
longtemps, il ne faudrait quand même pas trop se moquer du monde.
C'est vrai, ce n'est pas bien. |
Oui.
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