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LES
MINERAUX
La cristallisation
Ce qui intéressee
Peldugland dans le monde minéral (comme dans notre psychisme) c'est le
phénomène de la cristallisation où comment, à partir de presque rien,
une forme peut croitre et se développer jusqu'à tout envahir.
Essayons de mieux comprendre ce phénomène agglomérant et parfois aliénant.
Une passionnante fiction devrait nous éclairer de l'intérieur.

UN CRISTAL
SINON RIEN
D'abord paru en
feuilleton dans le " Chicago Home ", ce thriller garanti et minéral connut
de suite un franc succès et rapporta beaucoup d'argent à son auteur Val
Roc qui depuis peut s'acheter tout ce qu'il veut.

Val Roc,
un auteur comblé.
C'était d'autant
plus surprenant que personnr n'a jamais pu comprendre (et encore moins
expliquer) cette sidérante histoire d'une intelligence venue de très loin
sous forme cristalline afin d'aider l'humanité à surmonter ces récurrents
problèmes.
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PREMIER
EPISODE
Dans un
donjon moelleux (un étage de plumes, un étage de tuiles vieil-or,
un étage de plumes, etc ...) sur la route de Longjumeau, une jeune
fille se penche à l'étroite fenêtre en merisier en soupirant longuement
:
" Je suis enfermée dans cette tour et ne vois toujours rien venir
...
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Anne Masseur
est troublée.
Ah si, dans
le lointain arrive à petite vitesse un menhir de marbre rose, par
les patinoires du Jura, c'est sans doute un émissaire inter-galactique
qui vient me visiter en tout bien toute horreur ... "
Tout autour du circulaire monument vont et viennent de gros camions.
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DEUXIEME
EPISODE
Anne Masseur
(la prisonnière bien entourée) doit être mariée de force à Maître
Vibro, un notaire indélicat et concupiscent.
Déguisé en Père Noël l'officier public fait le siège de la virginale
porte blindée.
La demoiselle ne veut à aucun prix devenir madame Vibro-Masseur
et fait la sourde oreille aux coups de klaxon obstinés du faux barbu
en chaperon rouge.
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Des promesses,
toujours des promesses.
Pour expliquer
son retard (ou son avance) car nous sommes fin-avril, Maître Vibro
argue des effets du réchauffement climatique qui aurait perturbé
les migrations des cervidés nordiques.
Mais personne n'est dupe.
Heureusement, le cristal veille :
" J'ai vécu ici avec ma mère pendant mon enfance, j'avais oublié
que la ville était si belle ! "
.
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TROISIEME
EPISODE
Résumé du
précédent
Afin d'échapper
aux avances du faux Père Noël, Anne Masseur s'enfuit dans la montagne
où nous perdons sa trace dans la poudreuse.
L'histoire
pourrait s'arrêter là, au col de l'Utérus où, latéralement, on se
les gèle.
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Redescendons vite au village
sans prétention autre que de boire un grog fumant.
La saison etait anormalement froide (peut-être un effet pervers du réchauffement
climatique ?), une sorte de mini ère glaciaire avait chassé des alpages
tout les habitants et des cristaux de glace dévalaient la pente en poussant
de petits cris de joie saine.
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Les montagnards
étaient bien las et refusaient obstinément de " remonter cristaux
" comme ils disent en patois savoyard.
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La saison était
belle et bien foutue, tout les habitants étaient tristes, surtout les
commerçants et les canons à neige où pendouillaient des gestes d'érection
(pardon, des restes d'éjections).
Tous sauf un, prénommé Jean-Paul, qui profitait du froid extrème pour
se livrer sans retenue à sa passion du patinage.
Fou de joie, il s'agenouillait souvent pour embrasser avec frénésie* la
glace.
* frénésie
: a ne pas confondre avec Sainte Phrénésie qu'il n'a jamais pu rencontrer,
c'est prouvé scientifiquement.

La neige,
le froid, gla, gla, gla.
La température
était si basse que sa respiration se condensait de suite en grosses bulles
d'air gelé qui s'élevaient par dessus les cimes avant de retomber dans
les vallées voisines où elles causaient de gros dégâts.
D'où des protestations,
mais Jean-Paul restait impassible et continuait d'envoyer d'autres bulles
encore plus fraîches, plus grandes et plus Lourdes.
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Jean-Paul, patineur,
poète et faiseur impénitent de bulles.
Type de
bulles
de cristal glacé.
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Sur certaines il écrivait
avec un spray céleste de curieux poèmes comme celui-ci :
" Oh, ce lac né
de la fente
Et tous ces sommets enneigés
Où solitaire, le chouca fiente
Sur les follicules givrées "
Au moment de la
débâcle, il criait encore :
" Elle fond, fond, fond ... "
Curieuse proposition que l'écho renvoyait sans fin de derrière les Fagots*.
* Fagots :
Barre montagneuse aux céréales qui fulmine (pardon, culmine) à 1955 mètres.
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QUATRIEME
EPISODE
Résumé du
précédent
Après bien
des péripéties gelées, elle (ou plutôt il*) descend de la montagne
à cheval dans la plaine de l'Ain* au lieu dit " Le
vieux pèt rouge ".
* il :
Le cristal bien sûr.
* l'Ain
: Ses minateurs artificiels, ses cables et surtout ses crackers.
Le vieux
pèt rouge est un village fortifié*, minuscule, circulaire et empierré.
* fortifié
: Imprenable les jours de pluie ; alors que fort tiffé, c'est tiré
par les cheveux.
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Son curieux nom
trouve son origine (et ses racines) dans le substrat païen et les coutumes
pré-chrétiennes. Depuis de temps e-mémoriaux, la population se rassemblait
le jour de la fête des vendanges afin d'enfin se gaver de fèves encore
vertes et de moût de raisin avant d'aller pèter en procession au pied
du tilleul millénaire avec les effets que l'on devine.
L'évêque Saint
Ptôme fût martyrisé sur le champ d'à coté pour s'être opposé à ces
barbares (et peu ragoûtantes) coutumes.


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On le fit
bouillir dans une grosse amphore avant de le découper en fines lamelles
pour en faire une raclette*.
Ces temps étaient vraiment rudes, maintenant c'est de la " gnognotte
" comme on disait avant que tout le monde soit mort.
* raclette
: Spécialité ultra-locale, les participants à une raclette s'enduisaient
de fromage fondu avant de se " racler " mutuellement, une manière
agréable et goûteuse de se débarasser des parasites.
Après des siècles de torpeur, le vieux pèt rouge est revenu sous
le regard globuleux de l'actualité et pour une fois, pas pour des
histoires de galette mal répartie.
Autres temps,
mais pas autres moeurs : après la raclette rien ne vaut une bonne
grande enculade merdiévale.
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Un énorme cristal
vert est venu obstruer (c'est facile) la rue gracieusement pavée*.
* pavée : Sauf
qu'ici (et nulle part ailleurs) les pavés sont ronds, sans doute une astuce
pour décourager d'éventuels rôdeurs.
Ceux qui tentent de s'approcher
du minéral sont pris de convulsifs tremblements et assaillis de
terribles et fantasques visions.
La fascination
(de Lyon ?)
Afin de
rassurer ses ouailles épouvantées, l'abbé Chamel* tenta l'expérience.
Il fit le
récit halluciné au correspondant du quotidien local :
" J'ai vu des chars d'avant-guerre et la place rouge de monde, une
énorme cétoine dorée s'avance en dandinant, sur sa carapace métallique
se tenait Mireille d'Arc (Lien la femme) enchaînée à un lampadaire
art-déco en carton, tout autour, une ronde de sangliers en couche-culottes
et toques roses dansaient la carmagnole en criant d'un voix aigrelette
:
Et ta soeur ? "
C'en était
trop pour le pauvre abbé qui monta en reniflant dans l'ambulance
...
* abbé
Chamel : Père d'Anne Masseur ; comment ça son père ! (voir épisodes
précédents)
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La
cristallisation continue...
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