LE HEROS

 

L'étant moderne (suite)

 

 
 

L'aieul reprend son hallucinant récit :
" Prenez deux armées l'une en face de l'autre, le terrain est plat, ils ont des mitrailleuses et des canons donc on creuse des trous pour se planquer, les trous reliés entre eux deviennent une tranchée comme les points devennent une ligne.
C'était une décision plutôt sage et on aurat pu (du) en rester là.
Mais à la guerre, il faut un vainqueur sinon elle continue, d'où la périodique nécessité d'organiser une offensive.

Les stratèges préparent la nouvelle attaque

Le principe de l'offensive est simple, il suffit de sortir de la tranchée où l'on est (relativement) à l'abri pour courrir en hurlant et à découvert vers la tranchée d'en face.

L'attaque et son inévitable er répétitif résultat.

Cela vous paraît complètement idiot, c'est parce que vous ne connaissez rien à la tactique.
L'inévitable se produit, à peu près tout le monde sont morts rapidement.
Le communiqué triomphant nous précise que l'ennemi à dépenser beaucoup de munitions et que l'offensive est donc un grand succès.

" Je les grignote ! " claironne le général en se frottant le ventre mou.

La fumée et la poussière retombe, grand-papa est toujours vivant mais de plus en plus perplexe.

Ses compagnons d'armes aussi, ici le zouave Dupont de Lalma et le canonnier Pinard, un fameux tireur des litres.

En face, ils rigolent car c'est plus facile qu'à la fête foraine ; mais ils rient plutôt jaune, d'abord à cause de la boue et aussi parce qu'ils savent que ce sera bientôt à leur tour de passer " à l'offensive* " .

Alors parfois on essaie de s"expliquer " Camarade, kamerad ? " mais c'est impossible avec cet incessant vacarme.
On appelle cela la fraternisation et c'est la seule vraie terreur des états-majors.

* à l'offensive : on passe alternativement à l'offensive pour plusieurs raisons : par politesse, afin de remplacer les héros morts par des renforts vivants et surtout pour que la chose dure le plus longtemps possible selon le souhait (bien légitime car ils se sont donnés du mal) des gentils organisateurs, des dévoués fournisseurs et des munitionnaires agréés.

La guerre moderne crée des emplois et de nouveaux métiers, tankistes, communicateurs et ramasse-miettes.

Finalement grand-père fût blessé, gazé et très secoué, mais toujours en vie quand retentirent les sirènes de l'armisice, c'était enfin la mi-temps tant attendue.

 

A ce moment chaud,
être blessé était une vraie chance.

Comme il y avait de plus en plus de canons et de moins en moins d'hommes, nous allions vers une impossibilité prochaine de continuer le conflit.
Donc on arrêta les frais le temps de souffler un peu, de reconstituer les stocks et de construire les monuments idoines.

Un bien beau projet de mot nu ment (pardon, monument) aux morts.

 

Plus sobre, celui-ci nous invite à ne rien oublier, surtout pas l'idée de revanche.
Cette notion est importante pour permettre (comme dans une vendetta) au conflit de perdurer et de toujours renaître même quand on en aura oublié depuis longtemps les causes réelles.

Si elles existaient, ce sont rarement celles-ci (souvent inavouables), qui seront mises en avant, proclamées et affichées dans un seul but : nous persuader que nous sommes les " bons " et ceux d'en face, les " mauvais ".

A ce juste titre, il est donc nécessaire de balayer de la surface de la terre ces saloperies vivantes.

A moins d'être un traître ...

 

Trois anciens combattants dont un sceptique.

 

Vers l'étant post-moderne

 

 

 
 
 
 
L'époque merdiévale
L'ancien régime sec
La tournante révolutionnaire
L'étant moderne
 

 

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